le document de la Division Presse et Radio du 25 juin 1940 - La Suisse et la guerre 1933 - 1945 - forum "Livres de guerre"
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La Suisse et la guerre 1933 - 1945 / Werner Rings

En réponse à -13 -12 -11 -10 -9 -8 -7 -6 -5 -4 -3 -2
-1de la capilotraction de mes propos de Christian Rossé

le document de la Division Presse et Radio du 25 juin 1940 de Christian Rossé le samedi 21 août 2010 à 06h01

Voici le texte du document envoyé par la Division Presse et Radio aux journaux le 25 juin 1940, tel qu'il est reproduit dans le Rapport du Conseil fédéral à l'Assemblée fédérale sur le régime de la presse en Suisse avant et pendant la période de guerre de 1939 à 1945, du 27 décembre 1946, lui-même reproduit dans la Feuille fédérale, 1947, vol. 1, n° 2, parue le 16 janvier 1947, pp. 359-361.
Ce document peut être consulté sur le site des Archives fédérales suisses.

Etat-major de l'armée, 25. 6. 1940.
A la presse suisse,
Aux rédactions des journaux et périodiques,
Aux agences d'information.
« Ces derniers temps, le Conseil fédéral a estimé de son devoir d'adresser, à plusieurs reprises et dans une mesure plus ample que naguère, des instructions à la presse suisse au sujet de l'attitude qu'il convient d'adopter vis-à-vis de certains événements particuliers et de l'évolution internationale en général. Le Conseil fédéral nous a chargés de dire sa reconnaissance aux rédactions qui ont su comprendre que nos instructions sont l'expression d'une prévoyante politique élémentaire et qui se sont fait un devoir de les observer dans un esprit de stricte discipline. Malheureusement, nous devons constater que dans certains cas encore des rédactions ou collaborateurs de journaux ne paraissent pas avoir saisi le sérieux de la situation actuelle. Une fois de plus, nous faisons expressément appel à la compréhension, à la bonne volonté et à la discipline de toutes les rédactions afin qu'elles rendent plus facile la tâche si lourde du Conseil fédéral en observant sans défaillance les instructions qui leurs sont adressées.
Une convention d'armistice vient d'être signée entre l'Allemagne et la France et entre l'Italie et la France.
Etant donné cette situation nouvelle, nous nous voyons amenés au nom du Conseil fédéral de nouveau à titre confidentiel et sans que la présente lettre soit destinée à une publication, même partielle, à vous communiquer ci-après quelques considérations d'ordre général sur l'attitude que la presse doit adopter dans les circonstances présentes.
1. La guerre n'est pas terminée. Elle entre dans une nouvelle phase, le conflit opposant l'Allemagne et l'Italie à l'Angleterre. Mais aujourd'hui, il est déjà acquis que des transformations de la plus haute portée sont d'ores et déjà accomplies en Europe.
L'équilibre existant jusqu'ici entre les grandes puissances continentales, équilibre qui revêtait une importance particulière pour la Suisse, est ébranlé. La situation présente est caractérisée par la prépondérance d'un des deux groupements. En considérant cette réalité avec calme et sans idées préconçues, on doit constater que cette rupture de l'équilibre européen ne peut pas rester sans influence sur notre pays. A cet égard, nous devons penser tout d'abord à certaines conséquences d'ordre économique qui sont de nature à nous inspirer de graves inquiétudes.
2. Eu égard à cette situation et au fait que les opérations militaires se poursuivent sur des nouveaux champs de bataille et vers de nouveaux objectifs, force est d'admettre qu'il convient de juger les événements et la situation générale avec une prudence et une réserve plus grandes que jamais.
II ne faudrait surtout pas, prenant prétexte de ce que les opérations militaires ne se déroulent plus à proximité immédiate de nos frontières, relâcher la discipline observée jusqu'ici. Aujourd'hui comme hier, la situation reste très sérieuse pour nous. Elle est même peut-être plus grave. Seule une attitude des plus prudentes et des plus réservées permettra de conduire notre pays sain et sauf à travers les écueils et les dangers de l'heure présente.
3. Ce n'est certes pas la première fois que notre pays est le témoin d'un tel ébranlement de l'Europe (peut-être le plus dangereux de ceux auxquels il a assisté). Il n'y a donc aucune raison de se laisser dominer par le pessimisme ou de perdre courage. Il faut au contraire lutter avec la dernière énergie contre cette défaillance. Ce qui est nécessaire, ce dont il faut faire preuve aujourd'hui, c'est d'un sens avisé des réalités. Il ne serait pas courageux de fermer les yeux devant les faits et de se refuser à les regarder en face. A cette exigence de l'heure présente s'en ajoute une autre, c'est de sauvegarder notre dignité, notre courage et la confiance dans l'avenir. En nous inspirant de nos traditions, en restant fidèles à notre esprit de Suisses, raisonnables et réfléchis, en considérant les faits comme il[s] sont, sans crainte, avec sang-froid, posément, nous adopterons la seule attitude qui s'impose aujourd'hui.
4. Nous devons concentrer toutes nos énergies pour maintenir tout ce qui est grand, permanent et décisif dans notre vie nationale. Nous voulons conserver notre patrie comme nos pères l'ont créée, c'est-à-dire comme un Etat fédératif dans lequel, au cœur de l'Europe, vivent libres et en bonne harmonie des peuples de langues diverses. Notre Etat, dont l'histoire a consacré les droits à l'existence, doit assumer dans l'Europe de demain comme dans celle d'hier une grande et importante mission. Il n'est pas exclu que chez nous comme ailleurs telle ou telle forme de notre vie nationale doive être adaptée aux circonstances nouvelles ; dans tous les cas nous devons nous organiser de telle manière que nous ne soyons jamais dépassés par les événements. Aujourd'hui, quoi qu'il arrive, l'essentiel c'est l'indépendance du pays et le maintien du principe de la communauté confédérale. Dans ces jours et ces semaines si graves, si décisifs, la tâche essentielle de notre presse consciente de ses responsabilités est d'affermir le courage et la confiance du peuple suisse, de renforcer sa foi dans ses destinées et de maintenir vivante notre conviction que notre petit pays peut et doit persévérer à représenter dans l'Europe nouvelle l'idée de la collaboration des peuples qu'incarne la Confédération helvétique. Ce que nous devons mobiliser maintenant, ce sont nos valeurs spirituelles proprement nationales. Nous devons conduire notre peuple, en lui faisant prendre une conscience toujours plus nette des principes majeurs de l'idée suisse, des bases fédératives de l'Etat et des valeurs chrétiennes qui sont celles de notre histoire et seront celles de notre avenir. Disons en toute franchise à notre peuple qu'il doit montrer sa grandeur spirituelle en étant prêt à tous les sacrifices pour traverser une période dure entre toutes. Etre fermes et résolus, courageux et confiants, toujours prêts à sacrifier l'accessoire pour sauver l'essentiel, telles sont les forces et les qualités que nous devons maintenir pour notre génération comme pour celles qui nous succéderont.
5. Ces considérations d'ordre général sur la situation actuelle nous amènent à formuler certaines règles qu'il est à notre avis indispensable de respecter et d'observer si nous voulons atteindre le but que nous vous proposons en ces temps de bouleversement. En période de danger et de transformations profondes, il faut que le pays soit dirigé avec une fermeté résolue. Il appartient au Conseil fédéral d'assumer cette tâche. Mais la condition essentielle pour la réaliser, c'est la confiance du peuple dans le gouvernement, confiance à laquelle il a droit même s'il ne lui est pas possible de justifier et d'expliquer publiquement toutes ses décisions et les mesures qu'il peut prendre.
Tous les mouvements politiques subversifs qui se manifestent toujours en période troublée doivent être combattus avec autant de calme que d'énergie. L'histoire nous enseigne que dans les heures décisives le salut dépend de la concentration de toutes les forces nationales. C'est pourquoi il faut se conformer à l'attitude du gouvernement dans un esprit de collaboration et de discipline. Il n'y a plus de place aujourd'hui pour les querelles de partis. Nous devons nous accoutumer à mettre les intérêts de partis à l'arrière-plan de nos préoccupations et à concentrer toutes nos pensées et toutes nos énergies sur un seul et unique intérêt, celui du pays dans son présent et son avenir. Les temps sont trop graves pour que nous puissions disperser nos forces en luttes mesquines de partis et diviser l'opinion publique par des rivalités superflues. Pour la même raison, la presse devrait éviter à l'heure actuelle toute discussion sur l'organisation à venir de nos institutions publiques. Une telle discussion n'aurait d'autres résultats que de montrer à l'étranger une opinion publique divisée et désorientée et de répandre l'idée que nos valeurs nationales se désagrègent. A cet égard également, il convient de maintenir et de fortifier la confiance du peuple dans son gouvernement et dans ses destinées.
6. Comme le Conseil fédéral et le commandement de l'armée, le peuple doit conserver son sang-froid. Notre pays a prouvé ses droits à l'existence pendant 650 ans. Il a surmonté à plusieurs reprises de très dures épreuves. Aujourd'hui, c'est en faisant son devoir, en accordant sa confiance aux autorités et en se soumettant aux exigences de la discipline nationale que l'on sert le mieux la patrie.
Nous tenons à souligner encore une fois que ces instructions ne sont pas destinées, et sous quelque forme que soit, à la publication
« Nous sommes convaincus que nous pouvons compter sur votre compréhension et sur votre collaboration, certains que vous êtes prêts à tirer de l'exposé ci-dessus les conclusions qui s'imposent.
»

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 bidouillé par Jacques Ghémard le 1 1 1970  Hébergé par PHP-Net PHP-Net  Temps entre début et fin du script : 0.02 s  5 requêtes