... je pense, et de plus en plus au fur et à mesure que je découvre des applications pratiques de cette idée, que toute l'histoire des années 30 (et de la guerre subséquente) est à revoir en attribuant, par hypothèse, à Hitler un rôle inattendu dans les décisions des Etats étrangers sur les matières d'intérêt commun. Je crois que j'y insisterai de plus en plus, malgré des ricanements dont je suis sûr que leurs auteurs auront honte, et plus tôt qu'ils ne pensent (ce qui n'est pas une prophétie très risquée, puisque pour le moment ils ne le pensent pas du tout).
S'il reste au chef nazi un trône, c'est bien celui de roi de la mise des doigts dans les engrenages. Et si on peut diagnostiquer dans ses méthodes une recette favorite, c'est bien de s'appuyer sur ce qui lui résiste, voire de le susciter pour mieux le contrôler. D'où mes cris d'alarme, à présent très anciens, contre l'intrusion de la morale dans cette histoire. Plus on se conduit "bien", en ne se commettant pas avec ces brutes, en en disant du mal etc., et en ayant bonne conscience, plus on a de chances de se conduire très mal au regard de ses propres valeurs en se coulant exactement dans un rôle dessiné à Berlin ou, plus souvent, dans l'air pur de Berchstesgaden, propice à des visions d'ensemble qui donnent des idées sur les détails importants et les leviers à actionner.
En l'occurrence, le fait que Pilet-Golaz dès avant la guerre ou Pétain pendant fassent de la protection de leurs juifs nationaux l'alpha et l'oméga de leur politique à l'égard de l'antisémitisme nazi est non seulement une aubaine, permettant à l'architecte de creuser ses fondations et de monter son rez-de-chaussée, mais une aubaine attendue, calculée et provoquée.
Du moins, n'ayant guère le temps de fouiller la question, je me permets de conseiller à ceux qui s'y plongent d'interroger leur documentation sous cet angle. |