> La Milice a probablement économisé beaucoup de vies
> humaines car la France, comme les Balkans, comme l'URSS
> était un pays de maquis dont les chefs obéissaient
> parfois plus à Staline qui disait d'attenter à la vie des
> Allemands, qu'à de Gaulle qui disait de n'en rien faire.
> Si la Milice n'avait pas donné le gage d'une répression
> spécifiquement française cette répression aurait été
> spécifiquement allemande avec les conséquences que vous
> devinez aisément.
Foutaises. La répression est alors, en ce premier semestre 1944, supervisée par les Allemands, et le régime de Vichy y prête volontiers la main. La Milice, entre les deux, joue toujours son rôle de structure armée de l'Etat français, tout en ayant un contact direct avec l'occupant - c'est d'ailleurs ces rapports de confiance qui permettent notamment à Hitler de faire exécuter Georges Mandel par des Miliciens sous contrôle
S.S., une hypothèse devinée par Jean-Pierre Azéma (
Jean-Pierre Azéma, "La Milice", Vingtième Siècle, 1990, vol. 28, n°28, p. 101-102) et démontrée par François Delpla,
Qui a tué Georges Mandel ?, L'Archipel, 2008.
La confiance allemande dans la Milice ne doit toutefois pas être exagérée. L'occupant ne se faisait aucune illusion sur la valeur combative de cette organisation, particulièrement médiocre. C'est pourquoi, par exemple, l'assaut contre le maquis des Glières sera mené par les Allemands, la Milice se contentant d'effectuer des tâches de bouclage (avec les nazis) et d'interrogatoire (musclé) des prisonniers. A ce titre, un rapport signale que
"les soldats allemands fraternisent avec les Miliciens et ceux-ci cantonnent avec ceux là" (Azéma,
op. cit., p. 100).
Le cas du maquis des Glières constitue une preuve supplémentaire de l'imbécillité profonde de la thèse faisant de la Milice un facteur d'assouplissement de la répression, comme en témoigne ce rapport du
S.S. Hauptsturmführer Jewe du 10 mars 1944 :
"Le commandant Knipping de la Milice [...]
désire que le plateau soit bombardé sans ménagement par l'aviation allemande même si celle-ci est reconnue. Il espère avec cela détruire la plus grande partie ; le reste, à son avis, déposera les armes de lui-même" (
ibid., p. 99). A ajouter à la longue liste d'atrocités découlant du régime de terreur imposé par la Milice.
Par ailleurs, à supposer que l'ex-anonyme persiste dans une telle foutaise, force est de constater qu'il se contredit une fois de plus (!), puisque ayant benoîtement écrit antérieurement qu'
"Oradour a eu lieu le 10 juin 44, quatre jours après le débarquement de Normandie qui mettait les Allemands aux abois. A cette date le pauvre Maréchal était prisonnier depuis longtemps (fin 43) d'un surveillant nommé Renthe Finck. Celui-ci ne le quittait pas et dormait dans une chambre au même étage pour qu'il ne fasse pas de frasques. Tu dois bien te douter qu'il ne pouvait plus rien faire."
En d'autres termes : la Milice, émanation de l'Etat français, contribuerait à atténuer la répression nazie (en fait, c'est l'exact contraire), mais dans le même temps Pétain ne pourrait plus rien faire pour atténuer ladite répression. Une aporie de plus, qui rejoint
cette liste déjà longue mais non exhaustive (l'ex-anonyme s'est en effet contredit à plus de cinquante reprises en trois mois).
> Je lisais hier un texte sur le Chambon sur Lignon.
> Quand les rafles des juifs était faites par la
> gendarmerie française les gendarmes prévenaient la veille.
> Quand elles étaient faites par la SS, elles se
> produisaient à l'improviste.
> Ça pose l'interrogation vertigineuse d'une oblation
> possible de Joseph Darnand.
> Isorni l'a évoquée.
Auteur, titre, édition et
PAGE : décidément toujours adepte de la référence approximative, l'ex-anonyme...
En attendant, il se trouve que Darnand lui-même a répondu à l'
"interrogation vertigineuse" de l'ex-anonyme. Ce pour la démentir (
Les procès de la collaboration. Fernand de Brinon, Joseph Darnand, Jean Luchaire. Compte-rendu sténographique, Albin-Michel, 1948, p. 257) :
M. Joseph Darnand. - Je ne suis pas ceux qui vont vous dire Monsieur le Président, j'ai joué double-jeu. Moi, j'ai marché. J'ai marché complètement.