aussi bien dans le texte ci-contre que Gérard a voulu sans réponse possible, que dans les envolées d'Alexandra Viatteau, on ne trouve guère le ton de la sérénité historique mais seulement hélas celui de la passion militante échevelée.
Le corridor polonais soudain n'a plus l'air de léser la moindre population allemande, la proposition pilsudskienne de guerre préventive est censée établie sans que le moindre document d'époque ne soit cité et, plus grave encore, les enjeux du début du 21ème siècle sont appelés à la rescousse, qu'il s'agisse de la guerre "préventive" d'Irak ou de la constitution européenne de 2005, que les électeurs français sont censés avoir massivement rejetée par peur d'un déferlement de réparateurs de tuyauteries originaires des bords de la Vistule !
Je relève tout de même une chose intéressante, et pour moi nouvelle : Alexandra Viatteau présente sans fard le déclenchement de l'insurrection de Varsovie dans l'été 1944 comme une manoeuvre antisoviétique, destinée à forcer la main des Anglo-américains pour qu'ils soutinssent, face à Staline, les revendications du gouvernement polonais de Londres.
Il y a là un vrai tournant historiographique : jusque là, me semble-t-il, on parlait plutôt d'un piège stalinien, la résistance polonaise ayant anticipé l'avance normale de l'Armée rouge et Staline l'ayant piégée par un freinage brutal, voire ayant encouragé cette insurrection avant de l'abandonner au terrible sort que lui infligeait la contre-attaque allemande.
Je relève aussi, dans un genre voisin, un récit assez spécial de la campagne de 1939 : l'offensive soviétique du 17 septembre est censée non pas avoir brisé le moral polonais et empêché les combattants de se replier vers l'URSS si le besoin s'en faisait sentir (chose qu'on lit, part exemple, dans les mémoires du peu stalinien général Anders), mais avoir enrayé une contre-attaque. |