enfin, je veux dire qu'ils se désintéressent de cette bifurcation vers l'est du continent et les années 30... qui n'en est pas une, et je sais gré à Francis de n'avoir pas encore scindé le fil.
Car enfin, "Messieurs de quoi s'agit-il ?" comme disait Foch (à une époque où les femmes n'avaient pas d'âme, du moins guerrière). De regarder le nazisme en face... ou de lui opposer une politique de l'esquive, comme dit Michel, et du chacun pour soi comme on dirait plus justement.
Je veux bien qu'on commence la narration d'un match de tennis par le cinquième set mais le public risque d'être un peu frustré.
Le vin qu'on boit en 42 est tiré en 1933, dans une grande mesure. On a laissé un Reich raciste, dictatorial, élevant sa jeunesse dans la plus parfaite arrogance xénophobe, faire cavalier seul, de façon inouïe, unique dans l'histoire. La Fontaine avait écrit "Le lièvre et la tortue", il n'aurait pas imaginé qu'un lecteur serait intéressé par "le lièvre et le lièvre" où un gros con d'animal aurait pensé gagner la course contre un de même espèce en démarrant au dernier moment. Or le gros con en 1933 c'est la planète, c'est l'humanité, qui se laisse monter sur les pieds.
Et le premier Pétain se nomme Pilsudski, car le premier il signe un accord qui stérilise ses forces (le pacte de non-agression germano-polonais signé en janvier 1934 à la stupéfaction d'une planète pour laquelle une Allemagne requinquée devrait nécessairement s'en prendre à la plus voyante malfaçon de Versailles, le corridor polonais en pleine terre allemande; manque de bol, elle est dirigée par un lièvre pas con du tout, qui garde le plus facile pour la crise finale). A l'heure des comptes Pilsudski est mort, tandis que Pétain se tait : pour leur défense, on en est réduit aux discours de leurs avocats. Qui disent exactement la même chose : je voulais que Hitler soit vaincu mais j'étais bien obligé d'attendre des partenaires prêts à m'épauler dans mon indomptable résolution et en attendant, je finassais.
Donc pas question d'accabler le seul Pétain ni le seul Pilsudski. L'humanité étant la cible, ce sont ses grandes puissances qui se foutent, c'est le cas de le dire, du monde, et ce par ordre de puissance et quelle que soit la distance : Etats-Unis, Grande-Bretagne, France, URSS.
On décrète secondaires toutes les autres querelles, on se regroupe autour d'une table dès le 1er février 33 et on ne bouge pas tant que l'Allemagne n'est pas dirigée par un gouvernement normal.
Si on ne fait pas cela... on devra le faire, et on le fera, le plus tard étant le plus coûteux, notamment pour les populations sans défense à portée de Panzer.
Quant aux historiens, soit ils poseront le problème en ces termes, soit ils tourneront en rond jusqu'à la fin des temps pour savoir si la poule polonaise a précédé l'oeuf maurrassien, si le pacifisme était plus ravageur à Washington ou à Paris, si l'antigermanisme l'emportait sur l'anticommunisme à Helsinki et sur le sionisme à Tel-Aviv...
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