L'erreur de Paxton est patente : il dit que Hitler s'est désintéressé pendant longtemps de la politique intérieure de Vichy. Suivant les textes, il écrit soit que ce désintérêt a duré un an, soit qu'il en a duré deux.
C'est vraiment une énormité, et il n'y a pas besoin d'être un historien passant sa vie à débusquer des ruses nazies pour être vacciné là-contre. Voyez Barbara Lambauer, qui se dit elle-même fonctionnaliste ou même un Denis Peschanski. Ou encore Bruttmann et Joly dont nous avons déjà pas mal parlé ici. Tous ont en commun de ne pas comprendre Montoire et d'y voir une espèce d'échec de Hitler qui ne tenait pas tellement, cela dit, à réussir : un vague coup de sonde de sa part. Mais ils n'écrivent pas que Hitler laisse alors à Pétain une totale autonomie en politique intérieure, Paxton si, c'est sa marque de fabrique, sa limite. Et elle est visiblement induite par un parti pris idéologique.
Tu ne dis d'ailleurs toi-même pas autre chose.
Quant à moi, il ne faudrait pas s'imaginer que je spécule. Je suis quand même celui qui a commencé à lire de près la conversation de Montoire, et tout un tas d'autres textes, ainsi qu'à les mettre en rapport. Encore, dernièrement, la fabuleuse manipulation de Daladier par Abetz, en septembre-octobre 40, racontée dans le journal du Français publié en 91 et jamais lu de près avant... y compris par moi :
Et puis il y a la logique, qui est tout de même un bon instrument pour l'historien, une fois qu'il a appris à s'en servir et à en mesurer les limites :
vous dirigez la troisième puissance mondiale, tout d'un coup vous occupez la quatrième dans le cadre d'une guerre mondiale, et vous la laissez libre de sa politique intérieure ?!?!?!?