Votre stratégie de défense de Vichy obéit à un schéma classique :
1) Vichy s'est efforcé de sauver les Juifs de France, et pour ce faire a livré les Juifs étrangers à la place des Juifs français, donc Vichy n'est pas coupable de complicité de génocide ;
2) Vichy ignorait que les Juifs seraient gazés, donc Vichy n'est pas coupable de complicité de génocide.
Cette argumentation contradictoire (dans le premier cas, Vichy sait sauver les Juifs d'un sort funeste, dans le second cas Vichy se débarrasse de Juifs sans se douter qu'ils subiront un sort funeste) vous offre la possibilité d'adapter votre défense à la position adoptée par vos contradicteurs.
Les différents échanges auxquels vous avez participé ces derniers jours sur ce forum illustrent en effet cette méthode : dès lors qu'il vous est objecté que Vichy savait à quoi s'en tenir quant à la finalité des déportations, vous invoquez la thèse de "Vichy bouclier des Juifs français", et dès que cette dernière affirmation vole en éclats, vous revenez illico presto à la première affirmation.
De sorte que l'échange tourne en rond.
Naturellement, vous êtes conscient de l'évidente contradiction qui vicie votre argumentaire. Aussi adoptez-vous à l'occasion cette position intermédiaire passablement curieuse : oui, Vichy savait que les déportations étaient "préjudiciables", mais cela ne vous paraît pas si grave du moment que le prétendu secret des chambres à gaz était, lui, bien gardé par les nazis. Et en toute hypothèse, cette petite concession de votre part vous permet de revenir, une fois de plus, à la thèse du "Vichy bouclier des Juifs français".
De sorte que l'échange tourne de nouveau en rond.
Ce faisant, vous ne paraissez même pas vous apercevoir que qualifier Vichy d'"héroïque" au prétexte que ses dirigeants ont livré des Juifs étrangers aux Allemands pour prétendument sauver des Juifs français (encore une contre-vérité historique !) relève franchement de l'odieux. Je vais en effet, peut-être, vous surprendre : un Juif français et un Juif étranger semblent, aux dernières nouvelles, répondre tous les deux aux critères de définition de l'être humain.
Mais passons sur l'aspect moral - ou "éthique" - des choses : il n'en demeure pas moins que votre rhétorique ne relève pas du discours scientifique, mais de la défense élastique. Laquelle, sur le Front de l'Est et de la part des Allemands, a donné les résultats militaires que l'on sait. |