La totalité des affirmations formulées par "Ollivier" a déjà été réfutée dans mes articles précédents,
sources (historiques et testimoniales) à l'appui. C'est d'ailleurs pourquoi "Ollivier" se révèle incapable d'avancer la moindre citation à l'appui de ses dires.
"Ollivier" prétendait en effet :
1) que le "protocole Hossbach" produit au procès de Nuremberg était un faux : c'était inexact ;
2) que ce même "protocole Hossbach" ne reproduisait pas fidèlement les propos tenus par les protagonistes de la conférence du 5 novembre 1937 : c'était également inexact ;
3) que Hossbach avait en effet manipulé ce document de manière à permettre aux conjurés de légitimer un projet de coup d'Etat organisé cette même année : c'était, là encore, inexact ;
4) qu'il existait en 1937 une conjuration suffisamment puissante et étoffée pour planifier (et planifiant) un putsch : c'était tout aussi inexact. Il reconnaît d'ailleurs que l'hypothèse d'un coup d'Etat n'a été envisagée par plusieurs conjurés qu'en janvier 1938, à l'occasion de la
crise Blomberg-Fritsch. Cette crise est un autre facteur d'accélération de la conjuration, avec ladite conférence du 5 novembre 1937, qui s'est révélée tout aussi décisive dans la prise de conscience de certains. La conjuration militaire s'étoffe ainsi à partir de ces deux événements, pour atteindre son apogée avant les accords de Munich, en attendant 1939 et 1943-1944.
C'est peut-être aussi parce qu'il ne peut réfuter mes dires qu'"Ollivier" en vient à déformer mes propos, écrivant que je prétendrais
"qu'il n'y a pas de conjuration fin 1937". Voici ce que j'écrivais
dans mon article initial, affirmation sur laquelle
je persiste et signe :
"Or, à la même époque [en 1937], cette conspiration ne demeure qu'à l'état embryonnaire, éclatée en plusieurs cellules, alors que l'armée ne lui manifeste guère son soutien. Ce n'est que l'année suivante qu'elle se mettra en oeuvre, pour prévenir une invasion de la Tchécoslovaquie."
Dernière perle d'Ollivier : l'armée allemande aurait soutenu la conjuration en 1937 ! Et de citer le cas de Halder, qui ne sera chef de l'
O.K.H. qu'en... 1938 ! L'armée allemande, au contraire, s'est dans l'ensemble rangée derrière Hitler, nonobstant quelques cas isolés tels que Beck, Witzleben, Hase, Karl-Heinrich Stülpnagel, Thomas, Olbricht, Hoepner, et j'en passe, même si certains d'entre eux ont pu occuper des postes clés (la plupart d'entre eux, notamment Hoepner et Stülpnagel, vont d'ailleurs soutenir la politique d'atrocités du régime pendant la guerre). Les cas de Blomberg et Fritsch sont emblématiques : ils n'ont été "éliminés" par Hitler que parce qu'ils avaient manifesté des réticences à suivre son programme d'expansion formulé en novembre 1937, mais avaient jusque là suivi le "Guide de la Nation" (non sans mal, chez Fritsch, plus facilement chez Blomberg). Voir à ce propos Hans-Erich Volkmann, "Von Blomberg zu Keitel. Die Wehrmachtsführung und die Demontage des Rechtsstaates",
in Rolf-Dieter Müller et Hans-Erich Volkmann (dir.),
Die Wehrmacht. Mythos und Realität, Oldenbourg Verlag, 1999, p. 47-65, et Jürgen Förster
Die Wehrmacht im N.S.-Staat. Eine strukturgeschichtliche Analyse, Oldenburg Verlag, 2007, en particulier p. 19-69 - et en français, Omer Bartov,
L'armée d'Hitler, Hachette, 1999 ainsi que Wolfram Wette,
Les crimes de la Wehrmacht, Perrin, 2009.