"On se dirige ici vers une thèse intéressante : Rommel n'est pour rien dans la conjuration mais celle-ci lui aurait volontiers remis le pouvoir, dont on peut penser qu'il l'eût accepté, Hitler mort."
Mouais...
"Son refus de le tuer n'en obligeait que plus les conjurés à le faire, pour l'obliger à sauter le pas.
Il est donc, aux yeux de Hitler :
- un coupable, d'avoir polarisé un tel espoir;
- une victime symbolique, très précieuse à immoler (tout en sauvant les apparences grâce à ses graves blessures du 17 juillet, auxquelles on peut attribuer officiellement le décès, sans que les hauts gradés soient dupes), pour faire marcher droit les survivants."
Hitler, je crois, ne donne l'ordre d'en finir avec Rommel que contraint et forcé. D'une part parce qu'il se prive d'un symbole qui peut encore être utile à ce stade de la guerre. Ensuite, parce qu'il y a de toute évidence un lien sentimental entre Rommel et Hitler. De plus,il est particulièrement difficile et douloureux pour Hitler d'admettre que même Rommel l'a "trahi".
En fait, si l'on reprend la narration des faits par Lemay, les choses apparaissent de manière très différente. On présente à Hitler la culpabilité de Rommel comme un fait certain et il n'a donc pas à se poser de question sur ce qu'il doit faire. Rommel est un traître, il doit être éliminé mais il ne faut sous aucun prétexte que sa trahison soit connue. Désastreux vis à vis de l'opinion publique ! D'où ce faux suicide.
A en croire Lemay, Rommel tombe du fait de deux facteurs.
1.Les dénonciations mensongères de Hofacker et surtout de Speidel, chef d'EM de Rommel, qui de manière tout à fait mensongère charge Rommel pour sauver sa peau.
2. L'hostilité des hauts responsables militaires allemands jaloux de l'ascension fulgurante de Rommel, de sa popularité, de sa proximité avec Hitler, peut-être aussi de son courage car Rommel est l'un des rares qui ose dire à Hitler ce qu'il pense. S'y ajoute le fait que Rommel est le seul officier allemand de ce rang à n'être pas un pur produit de l'état-major général. Or ce sont, ces hauts responsables militaires qui, réunis en "Cour d'honneur" doivent statuer sur le cas des militaires impliqué dans le putsch et décider, au cas par cas, soit de les blanchir soit de les déclarer coupables. Ils condamnent Rommel, très peu impliqué et sauvent Speidel, compromis jusqu'au cou.
Speidel apparaît dans cette affaire comme particulièrement abject. Il trahit son chef, pourtant innocent, alors que Rommel n'avait, lui, pas hésité à prendre des risques immenses en écrivant en personne à Hitler pour prendre la défense de Speidel après l'arrestation de celui-ci. Beurk.
Enfin, je ne crois pas à l' "intoxication" de Hofacker. Je pense que Hofacker ment comme mentira son cousin Stauffenberg en affirmant le 20 juillet 44 qu'il a vu le cadavre de Hitler à la Wolfschanze. |