J'ai pris part à plusieurs débats houleux sur la question : le goulag est-il déjà en puissance chez Marx ? A ce jour, je n'ai pas eu/lu de réponse satisfaisante ...
Vers 17/18 ans, Ania Berger, une traductrice pointue qui est aussi la maman de Jacob Berger (cinéaste), donnait des cours d'éco-politique le soir à un petit groupe de collégiens (lycéens en Suisse) dont je faisais partie. Nous avons eu des heures très chaudes sur la question : le goulag et les massacres des minorités, des dissidents et de citoyens ordinaires sont-ils déjà contenus en puissance dans les écrits politiques du philosophe ? Si chez Lénine et Trostsky, c'est oui, chez l'auteur du Capital, on ne parvint pas à trancher. A l'époque, on découvrait les charniers des khmers rouges, ce qui rendait la question plus pertinente encore. Les marxistes-léninistes du groupe insultaient ses éléments déviants auxquels j'appartenais en raison du doute que je plaçais - et place encore - au cœur de toute réflexion sur la condition humaine et les moyens de l'améliorer. Au nom du bonheur et de l'avenir radieux, de tels crimes furent commis qu'il est difficile de ne pas remonter jusqu'à Marx quand on pose la question : l'élimination d'une classe par une autre est-elle à prendre dans son sens brutal et sanglant ou pas ?
Cordialement.
RC |