Le 16 juin, André Baillet reçoit, transmise par Maret, une note signée du directeur du cabinet de Darnand, Raymond Clémol, ordonnant le "transfert d'urgence" de Jean Zay à la prison de Melun. Immédiatement, Baillet adresse une note à Carbonnier pour lui indiquer que le transfert sera effectué par des miliciens. C'est Jocelyn Maret qui convoque par téléphone Carbonnier. Il lui fixe la date du transfert, le 20 juin, et lui demande de garder le secret le plus total.
Le 20 juin, Carbonnier arrive vers 8 h 30 (...)
Le lendemain, Pierre Laval, qui ignore tout de ce transfert, est prévenu par l'administration pénitentiaire. Il s'inquiète et ordonne une enquête.
On n'en finirait pas de recenser dans ces quelques lignes les éléments qui montrent que les ordres viennent de haut, de très haut... et très haut il y a qui ?
Ce récit a l'air de suivre de près le livre de Delperrié, qui ajoute cette précision sans dire où il l'a trouvée : c'est DES AVRIL que Jocelyn Maret (le directeur-adjoint de l'administration pénitentiaire, un milicien placé aux côtés d'André Baillet, ex-commissaire à Aubervilliers et pote avec Laval de ce chef, en janvier dans le cadre de la prise en main du "maintien de l'ordre" par Darnand) avertit Carbonnier, directeur de l'administration pénitentiaire pour la région de Clermont-Ferrand, que Zay va lui être enlevé, sans donner de date. On est donc en plein dans la préparation du débarquement. Au passage, il y a là un élément à confronter avec la genèse du massacre d'Oradour -un événement postérieur de très peu au débarquement, donc très vraisemblablement préparé avant... or Himmler vient en personne chambrer la Das Reich à Montauban en avril...
Le symptôme le plus flagrant d'une affaire concoctée au plus haut niveau est le silence vis-à-vis de Laval. Celui-ci est un vieux renard fort jaloux de son autorité, on ne lui fait pas impunément des petits dans le dos, et donc, pour disposer de la personne et de la vie d'une vedette de la Troisième sans lui en référer d'aucune façon, il faut être couvert, très couvert ! |