Bonjour à tous
Ce débat qui semble faire du sur-place -tout en débordant sur plusieurs "sujets" au sens LdG du terme- connaît en fait des évolutions, peut-être un peu difficiles à suivre. Un résumé des points saillants s'impose, à chacun de voir s'il agrée le mien.
Francis Deleu défend bec et ongles une version suivant laquelle les premières mesures antisémites de Vichy sont d'essence française, sans rien devoir à une pression allemande quelconque. Il cite des classiques : Paxton et Bédarida entre autres.
Là où le bât blesse à mon avis, c'est quand il affirme que les travaux récents de Lambauer, Bruttmann et Joly ne font que confirmer cette thèse classique. Leurs ouvrages étant loin de me satisfaire entièrement, je me garde, pour ma part, de les citer comme des "autorités" (bien que le reproche vienne de m'en être administré). Simplement, quand je les cite (par exemple ici
) je trouve anormal que cela n'ait pas plus d'effet qu'une émission de liquide jaune dans un instrument à cordes, et qu'on continue imperturbablement d'invoquer les saints classiques en faisant comme si les nouveaux venus étaient leurs disciples ébaubis.
Pour être plus précis, prenons l'ordonnance allemande du 27 septembre en zone nord (développé dans le lien précédent). Les paxtoniens vont jusqu'à inverser les rôles, en prétendant que les Allemands, au courant du projet vichyssois d'un statut, ont sprinté pour arriver les premiers. Joly dit exactement le contraire... et ce faisant il rejoint un texte de l'amiral Auphan, certes à prendre avec des pincettes, que Francis nous a fourni il y a déjà un moment :
Donc, il faut choisir. Il y a vraiment du nouveau sous le soleil. Et ce nouveau pourrait bien finir par infléchir sérieusement le seul point de l'héritage de Chirac auquel son successeur voue un respect intégriste, le discours du 17 juillet 95 sur le Vel d'Hiv.
Vichy est un régime fantoche, privé d'autonomie réelle dès avant son installation dans la ville d'eaux, très précisément depuis le "il faut cesser le combat" proféré avant toute discussion d'armistice, le 17 juin vers 12h 30.
Dès ce moment la pression allemande est déterminante. Alors, bien sûr, Maurras, la revanche contre Dreyfus, la xénophobie de la Troisième finissante, tout cela trouve sa place, mais dans un faisceau dont il est impossible d'exclure, s'agissant de quelque décision que ce soit, le facteur allemand. Celui-ci se décline de plusieurs façons : pression directe, distillation subtile de l'idée que Hitler aimerait bien telle chose, prise en compte par Berlin himself du maurrassisme et de la xénophobie...
Enfin, il s'agit d'un pays occupé ou non ? De la quatrième puissance mondiale occupée par la troisième, qui a un besoin vital de la neutraliser tout en pompant ses force vives pour gagner une guerre durissime, ou non ? Si on en prend conscience, peut-on suivre une seconde Paxton quand il affirme que Berlin se désintéresse pendant une année entière de la politique intérieure de Vichy ?
La captivité de Mandel, que je commence à pouvoir situer assez précisément dans l'histoire générale des rapports Pétain-Hitler, offre une mine d'informations sur l'impossibilité de parler, en la matière, d'une politique française quelconque, même en faisant abstraction de De Gaulle et en adhérant un instant à la fiction que Vichy représente la France. Je pense trouver prochainement des occasions d'en donner quelques exemples, complétant ceux déjà présents ici :
PS.- Quant au fait que Laurent Joly me désapprouve, comment peut-on encore le manier comme un couperet après que j'ai pris la peine d'expliquer ceci :
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