Je ne vois pas où je changerais de sujet. Dans votre précédent message, vous faisiez de Pie XII un criminel de guerre, complice (involontaire) de Hitler : "bien des morts du nazisme lui sont dûs, même s'il partage cette responsabilité avec beaucoup." Vous ajoutiez qu'"il prête alors la main, et même les deux, à la plus meurtrière, potentiellement, des manoeuvres nazies, celle qui consiste à oeuvrer au rétablissement de la paix, en considérant Churchill comme un excité bon pour la camisole."

Ce qui m'amène à développer les trois remarques suivantes :

1) Si je suis bien vos autres thèses, le rétablissement de la paix en Europe se serait traduit par l'abandon de l'idée d'un génocide juif par le Führer - théorie avec laquelle je suis évidemment en désaccord -, ce qui m'amène à me demander en quoi, donc, et selon vous ladite manoeuvre nazie s'avérait la plus meurtrière (même potentiellement - les Slaves, peut-être ?).

2) Le choix des termes est extrêmement violent pour Pie XII, et faisait bon marché d'une certaine réalité, des actes de sauvetage des Juifs à la participation à un complot contre Hitler, outre le discours de Noël 1942 (à l'heure où Stalingrad n'est pas encore totalement synonyme de défaite allemande) dénonçant les persécutions raciales et religieuses. Et encore une fois, bis repetita, je ne suis pas l'avocat de ce Pape, je me contente de ramener vos affirmations, passablement osées, dans leur contexte historique : contrairement à ce que vous suggérez, Pie XII n'était pas le "Pape de Hitler" - pour citer John Cornwell.

3) Que le Souverain Pontife ait participé à cette conjuration est un fait indéniable. Toutefois, je me permets de corriger vos mots : vous nous causez de "projet pontifical de meurtre", mais ce projet est issu d'adversaires allemands aux régimes, Pie XII jouant le rôle d'émissaire vers les Britanniques - en d'autres termes, il n'a pas conçu un tel plan. Par ailleurs, je ne comprends absolument pas votre objection selon laquelle le rôle de Pie XII, en la circonstance, "pour l'instant n'a été ni confirmé ni démenti par les successeurs de l'intéressé" : depuis quand faut-il attendre une déclaration in personna d'un Pape pour attester de la réalité d'un fait relatif à son prédécesseur ? En revanche, le Saint-Siège a officiellement confirmé ladite complicité dans ce projet de coup d'Etat, puisque l'événement est repris dans le dossier de béatification et a été clamé par son promoteur, Peter Gumpel. Pierre Blet, qui a eu accès (pour avoir procédé à leur classement) aux archives du Vatican, confirme également cette donnée.

Quant à réclamer les documents du Vatican sur ce projet, je vous rejoins dans cette idée - je suis favorable à toute ouverture d'archives, avec réduction des délais de classement. Mais il me semble que les archives britanniques ont déjà apporté moult éléments sur la question, non ?

A dire vrai, le seul paragraphe avec lequel je suis entièrement d'accord est le dernier de votre message.