Bonjour,
> A propos d'Edmée Delétraz (ou Delettraz), depuis que je
> lis des ouvrages sur Moulin et Caluire, je trouve
> étonnantes la marge de manœuvre et la liberté de mouvement
> entre Lyon et Genève (via Annemasse) de cette agente
> triple...
Liberté de manoeuvre, c'est exagéré. Delettraz communiquait avec Groussard par le biais d'agents communicants. C'est par l'intermédiaire de Jean Cambus notamment que Groussard apprendra le 22 juin au soir ou le 23 au matin qu'Edmée Delettraz a révélé la trahison de René Hardy.
> Est-il possible de connaitre ce que savait
> réellement Groussard dans les jours qui précédèrent la
> descente de K. Barbie chez le Dr Dugoujon ?
Pour Groussard, alias "Gilbert", la culpabilité de René Hardy ne faisait pas de doute. Il a fourni des informations en ce sens à Antoinette Sachs, ayant notamment identifié l'Allemand qui aurait occasionné la blessure de René Hardy pour étayer le bobard de l'évasion, le Sanitäts-Unterofficizier Brackmann - lequel, à l'en croire, ne désirait pas exprimer son témoignage par écrit.
A noter que Jacques Baynac, pas plus d'ailleurs que Maître Maurice Garçon, n'évoque nullement à ma connaissance, pour expliquer ladite blessure, l'hypothèse de l'intervention d'un Allemand, alors qu'il reste à expliquer ce que fiche René Hardy pendant 90-120 minutes entre son évasion de la maison Dugoujon et sa réapparition chez les époux Damas, ce alors qu'il est censé perdre massivement son sang. Par ailleurs, il n'est pas prouvé que René Hardy a été blessé au cours de ladite évasion. Le cantonnier Rougis, qui a vu Hardy se cacher dans un fossé et se relever, n'a absolument rien remarqué, et Hardy a été jusqu'à lui nier avoir été touché. Enfin, une expertise scientifique a démontré que la balle avait été tirée à moins de quarante centimètres de son bras. Et en ce cas, les révélations de Groussard acquièrent une certaine saveur.
Pour revenir à Groussard, il a été informé par Edmée Delettraz, son agent infiltré au sein du SD, laquelle fera son possible pour alerter la Résistance de l'imminence d'une intervention SS contre une réunion des grands chefs de la Résistance. Et c'est Groussard qui, le premier, avertira Londres le 23 juin, ce qui réduit à néant la thèse selon laquelle les suspicions contre Hardy viendraient de Lucie Aubrac et d'autres Résistants de gauche.
> (Que pensez-vous du livre de Deyfus ? cf ci contre à
> gauche)
Inégale synthèse un peu désordonnée, et dépourvue de notes infrapaginales. Des éléments intéressants, toutefois. De mon point de vue, le vrai livre d'Histoire consacré à Caluire reste encore à écrire.
(me demande d'ailleurs si je ne devrais pas m'y mettre...) ;-) |