> D'autres chercheurs sont arrivés à la conclusion que
> Dansey était effectivement un machiavel, mais je me
> demande toujours si on ne lui a pas tout mis sur le dos
> en profitant du fait qu'il mourut très vite après la fin
> de la guerre (à propos, son décès, à Bath, est du 11
> juin 1947).
Je veux bien vous croire. L'homme était, il est vrai, détesté de certains milieux, et notamment du très distingué futur Lord Dacre, Hugh Trevor-Roper, qui le définissait comme "an utter shit, corrupt, incompetent, but with a certain low cunning". Au moins méritait-il son salaire.
> Ce qui est certain, c'est que les coups tordus et les
> histoires d'agents volontairement brûlés ont un large
> fond de réalité. Ce fut, par exemple le cas, fameux, du
> réseau Prosper, en 43, et des intox Cockade et Barclay
> dont je parle dans mon Présumé, parce qu'elles
> contribuent à rendre intelligible l'affaire de Caluire.
> Au total, il y eut dans les 900 intox et sous intox
> britanniques - sans compter celles montées par OSS.
Certes, mais il me semble que, dans le cas Prosper, la vérité soit davantage nuancée. L'organisation Prosper était puissante, et sa destruction constitue un sévère désastre pour les renseignements britanniques.
Certes, les arrestations et l'imminence du coup de filet n'ont peut-être pas échappé à Londres. D'où l'hypothèse avancée par certains selon laquelle, quitte à perdre ce réseau, il apparaissait tentant de lui communiquer de fausses informations. Au moins les dégâts ont-ils été, sur le terrain du renseignement et de la haute politique, limités. Ce qui me paraît à la fois plus subtil et plus crédible que la livraison de ces Résistants, pieds et poings liés, au SD. Ce dernier a tout simplement bien fait son boulot, et la plupart des agents de Prosper, dont leur propre patron, n'ont pas fait preuve d'une prudence absolue...
> L'affaire Grandclément est, elle, selon moi, un
> continent encore largement inconnu. Et je souhaite bien
> du courage et de la patience à qui voudra la démêler !
Cette affaire n'est, effectivement, pas si simple. A priori, tout accable ce Résistant - voir le terrible acte d'accusation que dresse Gilles Perrault dans La longue traque (Fayard, 1975). Mais René Terrisse, spécialiste de la Résistance bordelaise, fournissait des éléments apparemment convaincants pour, à tout le moins et en première lecture, semer le doute (Granclément, traître ou bouc émissaire ?, Auberon, 1999). |