L'interview au NO confirme et que les Aubrac ne sont plus mis en cause dans l'arrestation de Moulin et que Baynac ne se sent pas du tout gêné d'avoir été, à cet égard, bien ambigu dans son livre précédent.
Tu devrais te méfier, Jean-Robert, c'est un crime abominable de parler d'un livre, fût-ce sur un point bien circonscrit, tout en déclarant qu'on ne l'a pas lu entièrement (cf.
) alors pense donc, en ne le connaissant que par une itv de l'auteur... je prends le risque de me faire écharper. Mais il y a urgence.
Lucie est en effet mise en cause, dans l'interview, d'une manière très malhonnête. Convaincue dès le départ de l'implication d'Hardy (ça, c'est vrai) et l'ayant dit à ses camarades (ça, c'est un devoir chez les résistants, ils se savent vulnérables aux infiltrations et se doivent de ne pas garder pour eux leurs soupçons), elle est censée avoir fait amende honorable dans une déclaration au
Dauphiné libéré, non datée (le point est-il abordé dans le livre ? la référence plus précise ?).
Pour en avoir souvent parlé depuis 10 ans avec les intéressés, je puis dire qu'ils n'ont pas varié du tout. Hardy était certes un bon résistant (nul ne l'a nié et Baynac invente ici une contradiction), mais il a eu un moment de faiblesse. Donc, même à supposer que l'article du
Dauphiné soit cité honnêtement, la démarche d'ensemble pèche : une déclaration isolée qui dément celles faites souvent pas la même personne, alors qu'elle est bien vivante et même pas sur "liste rouge" pour son téléphone, cela se vérifie, si on est historien.
Une telle méthode augure mal du reste. Elle est parfaitement anti-historique. Elle rappelle les pétainistes s'accrochant comme si leur vie en dépendait (et de fait elle en dépend, ou du moins leur réputation)à une phrase unique de Churchill suivant laquelle l'armistice franco-allemand de 1940 a finalement été une bonne chose, ou ceux qui discutent sur la mort de Himmler en répétant compulsivement que la preuve de son suicide sans aide extérieure, c'est que des vilains ont essayé de prouver le contraire par des faux.
Il convient d'argumenter toujours au niveau des faits, et non de ce que Pierre ou Paul en a dit ou fait après coup. Donc puisque Baynac prétend démontrer clairement et définitivement l'innocence d'Hardy, foin des arguments par les procès gagnés (au demeurant il faut voir comme !) ou par untel qui se serait ravisé. Qu'a-t-il fait, au juste, à l'époque ? Qu'est-ce qui permet en particulier, une fois qu'on a été contraint de reconnaître qu'il a donné des renseignements à Barbie, d'affirmer qu'il ne s'agissait que de vieux tuyaux crevés, sans conséquence pour les camarades (décidément, le nul Hitler était servi pas des nullissimes...) ?
En tout cas je lirai le livre ! A suivre donc.