Bonjour,
Petit détail révélateur ! Fernand Bonnier de La Chapelle s'appelait en réalité "Bonnier" tout court. Il ajouta à son nom, en le traduisant, celui de sa mère, "della Capella".
Fils de parents séparés - son père est journaliste à Alger tandis que sa mère italienne réside à Gênes - le jeune Bonnier, étudiant en droit, est âgé d'à peine 20 ans lors des faits.
Albert Kammerer, "Du débarquement africain au meurtre de Darlan", écrit :
*** Bon catholique et de bonne conduite, il avait été, en raison de la situation du ménage de ses parents, élevé à Paris par un oncle du même nom. Incorporé dans un chantier de jeunesse de van Heck, au milieu de 1941, il avait été promu rapidement chef de chantier. Puis il avait voulu s'engager dans l'aviation, où, en raison des tendances anglophiles qu'on lui connaissait, on l'avait découragé, de peur de le voir s'envoler vers Gibraltar avec un avion. ***
Kammerer décrit Bonnier comme un exalté. Spectateur enthousiaste du débarquement américain, aussitôt volontaire pour reprendre le combat contre l'Allemagne, Bonnier s'engage dans les Corps Francs.
*** Entré au corps franc de Monsabert; dans lequel l'influence d'Henri d'Astier était considérable, il était devenu un des familiers.Ce dernier, dans sa radicale hostilité à Darlan, travaillait de toutes ses forces à la création d'un "climat" d'éviction contre l'amiral (...) C'est à sa table, très accueillante à toute la jeunesse ardente, à tous les arrivants prêts à reprendre la lutte et à s'enrôler dans les corps francs que Bonnier s'excita de plus en plus. C'est ainsi qu'il en vint à considérer comme intolérable le maintien de l'amiral au pouvoir. Sans avoir eu l'idée de frayer les voies à un régime monarchiste (car il déclara n'être pas royaliste et sa famille parisienne dément qu'il l'ait été), il se crut appelé au rôle de justicier. Dès lors il agit comme un néophyte, exaltant lentement dans le secret jusqu'à un diapason où il perdit la tête. ***
Une dernière phrase qui cerne bien la personnalité du jeune Bonnier :
*** C'est ainsi que Bonnier par fanatisme, assuma le terrible sacrifice, mortel pour lui-même. Il a dit avec noblesse au cours de son premier interrogatoire :
Je considère le crime que j'ai commis comme l'expression de mes sentiments d'honnêteté. J'estimais en effet, que l'amiral, qui collaborait depuis deux ans avec l'Allemagne, n'était pas qualifié pour occuper le poste qu'il s'était attribué... Lorsque j'ai compris qu'il s'installait pour durer, j'ai décidé de le détruire... ***
Bien cordialement,
Francis. |