Bonsoir,
Je comprends la remarque irritée de Léon Bel. Il faut nuancer : la masse de celles et ceux qui ont plébiscité Charles de Gaulle en mai 1958 à Alger n'est pas réductible à une seule catégorie socio-politique algérienne ou française. Il y avait des représentants de tous les groupes touchés par la guerre d'Algérie.
On sait, par exemple, que de nombreux "petits blancs" d'AFN votaient à gauche, voire très à gauche jusqu'en 1940. Le PC algérien était puissant jusqu'à l'armistice et l'instauration de l'Etat de Pétain. Durant les années de la Révolution nationale, il y eut bien sûr des cross overs idéologiques et les partis et organisations pétainistes firent florès. Une étude des origines socio-professionnelles de leurs membres serait intéressante. Certains anciens combattants communistes ont basculé dans le culte du chef, une trajectoire tracée par un Doriot. L'appel à l'homme providentiel transcenda un temps les partis, qu'il s'agisse de Pétain et de De Gaulle, en juin 40 et en mai 58. (précision : ça ne signifie pas que j'amalgame les deux événements !)
On sait que les cellules gaullistes qui noyautèrent les groupes civils et militaires à Alger dans les semaines avant le 13 mai réunissaient des militants issus de tout l'éventail politique et qu'il y avait parmi eux des partisans de l'Algérie française (majoritaires ?) qui ont rejoint les opposants à la politique algérienne du Connétable et d'autres qui approuvèrent les choix gaulliens. Ces éléments sont, je trouve, bien résumés dans le livre de Jacques Baumel et François Delpla; la remarque de ce dernier sur les "déchaînés irréfléchis" est donc assez étonnante...
RC |