C'est dommage, car l'imprécision nuit à la recherche historique, surtout sur des sujets aussi sensibles que celui que vous évoquez...
Enfin, on peut tout de même proposer ici quelques pistes bibliographiques qui fourniront le background nécessaire à une première approche de la Suisse durant la WW2, surtout en ce qui concerne les réfugiés et les refoulés à la frontière, puisque c'est le thème récurrent lorsqu'on aborde le sujet.
Concernant le rôle et l'attitude de la Confédération Helvétique entre 1939 (voire depuis 1938 et "l'invasion" de l'Autriche par le Reich ou son rattachement qui marqua un durcissement dans le traitement imposé aux juifs du Reich élargi), les acquis de l'historiographie contemporaine suisse nous permettent aujourd'hui de nuancer l'attitude des Suisses, ou plutôt les attitudes des Suisses, car rien ne fut monolithique, même ici ! Cela pour éviter les clichés réducteurs ou alors angéliques ainsi que les accusations d'une pièce qui sonnent encore trop souvent comme des tentatives de diversion : en effet, ces accusations ont souvent permis depuis le milieu des années 1990 aux autorités et aux ressortissants d'autres nations d'éviter de se poser la question : comment notre pays a-t-il agi durant la WW2 face aux réfugiés juifs ? Pour la France, le dossier Pétain-Vichy-la Collaboration est assez lourd et les ouvrages abondants. Je n'y reviens pas ici. Mais je pense à l'Espagne, la Suède, la Turquie et aux Etats-Unis avant 1941 quand cette puissance alors neutre sous l'influence d'un antisémitisme bien réel refusa d'ouvrir plus largement ses portes aux juifs d'Europe. (cf. le bouquin de F. Calvi)
Une nouvelle génération de chercheurs suisses, justement secouée par l'affaire des fonds en déshérence et, de façon plus globale, par l'ensemble des décisions politico-militaires et administratives prises par Berne, a voulu comprendre les manquements vis-à-vis des réfugiés juifs et quelle fut la réalité des réseaux d'aide aux réfugiés. Pour cela, il fallait là encore découvrir, établir, analyser et nuancer.
Car il y eut plusieurs "Suisses", si j'ose dire. Les décisions prise par la Suisse officielle, plutôt favorable à une bonne entente avec le Reich, étaient discutées et refusées par une partie du peuple helvétique, surtout chez les germanophones qui avaient compris le discours des nazis avant les francophones, séduits un temps par les thèmes de la Révolution nationale toute proche. On peut séparer, certes de manière un peu artificielle, les "couches" socio-politiques du petit pays dans la guerre :
1.La Suisse officielle, celle qui faisait de la "grande" politique depuis Berne.
2.La Suisse des militaires, rassemblée autour de Guisan, mais traversée de courants politiques contradictoires.
3. La Suisse romande séduite un temps par Pétain mais où naquirent des réseaux de passeurs dans le Jura, Saint-Gingolph, etc.
4.La Suisse alémanique ou allemande, majoritairement opposée au IIIE Reich.
5.La Suisse italienne.
6.Les citoyens engagés à droite et à gauche avant 1939.
Etc...
Comme vous le voyez, le sujet est vaste pour un petit pays et ces quelques livres devraient offrir un fond permettant une discussion plus.... argumentée.
Bien à vous.
RC |