Quant à Leclerc, avant de lire tout ce que vous avez écrit, j'avais simplement l'impression que c'était un militaire plutôt fade...
Oui, c'est curieux, car vous n'êtes pas la seule. Il est vrai que durant des années, on a fait de Leclerc un saint - et quoi de plus ennuyeux qu'un saint ? -, un pur militaire, un héros désintéressé, etc. Cette excellente bio fait au contraire le portrait d'un personnage colérique, parfois cabochard, généreux avec ses hommes, comédien quand il le fallait (comme de Gaulle), enthousiaste, emporté, injuste, impatient - Notin souligne plusieurs fois ce trait - et capable de coups de gueule terribles pour tenter d'obtenir ce qu'il estimait bon pour ses troupes. Pour rallier les colonies africaines, il usa de méthodes un peu voyou plutôt sympathiques. Plus tard, les généraux américains sous les ordres desquels il s'est battu redoutait ses irruptions dans les QG ! Quant à ses rapports avec ses confrères officiers issus de l'armée d'armistice, s'il accepta publiquement l'amalgame par opportunité politique(*) en 1943-1944, il leur gardait un fond de mépris, ses piques contre de Lattre durant la bataille d'Alsace le démontrent. (Contrairement au "Roi Jean" qui agissait en esthète intransigeant, Leclerc était très soucieux du sang versé et du confort de ses soldats.)
RC
(*) On ne devient pas un Leclerc si l'on ne possède pas une intelligence politique pour survivre et avancer dans une guerre qui fut très... politique. |