Bonjour François, bonjour à tou(te)s,
Jacques écrit :
*** Le statut des juifs n'est pas un amuse-gueule (ou un détail culinaire avant le plat de résistance) mais une ignominie menant vers les fours (pas petits) ***
Réponse de François :
au moment où il est édicté (18 octobre 1940, et non 3, comme on l'écrit encore un peu partout, ce qui explique qu'on ne fasse pas la relation), c'est de toute évidence une façon de dérouler le tapis rouge de Montoire (24 octobre)
Un peu court François ! En naïf que je suis, je pensais renvoyer nos lecteurs aux débats qui nous avaient opposé il y a un peu plus de deux ans. Malheureusement, en taliban iconoclaste, tu as usé - pour ne pas dire abusé - du droit d'autodafé que nous accordons à tous les participants de LdG. Ce débat, orphelin de tes contributions ne ressemblent plus à rien. C'est ainsi ! Oublions donc !
Soyons clair !
1) Le premier Statut des Juifs est daté du 3 octobre et sera publié au JO du 18 octobre 1940.
Je reprends ce que toi-même précise en notes de ton "Montoire" :
- Quant à la presse française, elle s'est fait l'écho avant le 3 de la préparation d'un statut, puis elle ne revient guère sur la question avant le 19
- Quelques journaux ont annoncé, début octobre, qu'il [le statut] était en préparation ("L'Action française" le 1e [octobre], "La Croix" le 2. Puis ils se taisent jusqu'au 19 - à l'exception de "La Croix", qui revient sur le sujet le 8 à propos de l'abrogation du décret Crémieux en Algérie.
2) Vichy a-t-il retardé la publication du Statut en prévision des entretiens de Montoire du 24 octobre ?
Le 3 octobre il n'était nullement question d'une rencontre à Montoire... ni le 18 octobre. Laval fut prévenu de la rencontre le 20 octobre ! Et encore il n'est question que d'une rencontre avec Ribbentrop. Laval, accompagné de Abetz, quitte Vichy dans la matinée du 22 octobre. Ce n'est qu'en arrivant à Tours que Laval est informé que son interlocuteur sera Hitler et non Ribbentrop.
3) Jacques résume parfaitement en écrivant :
"Je pense que les événements ont toujours des causes multiples et si Vichy a édicté ces lois pour plaire, ce fut aussi, et probablement avant tout, pour appliquer son idéologie raciste"
.
Pour appuyer cette phrase, j'ajouterai que l'arsenal des premières mesures anti-juives est bien antérieur au 3 (ou 18) octobre 1940. Pour mémoire quelques dates :
- 17 juillet 1940 : Loi limitant l'accès aux emplois dans l'administration publique aux seuls citoyens nés de père français.
- 22 juillet 1940 : Révision des naturalisations.
- 16 août 1940 : loi instituant l'Ordre des médecins limitant l'accès aux professions médicales aux seuls citoyens nés de père français. Le 10 septembre :idem pour l'accès au barreau.
- 27 août 1940 : Abolition du décret-loi Marchandeau qui interdisait les insultes raciales.
Toutes ces mesures étaient déjà en gestation avant la défaite. Cette dernière et l'instauration d'un Etat autoritaire a permis l'accélération du processus. Ces mesures ne relèvent nullement d'une pression allemande. Abetz s'en est même inquiété. En réalité, elles montrent clairement les convergences idéologiques - l'antisémitisme en particulier - entre l'Allemagne nazie et le régime mis en place par Pétain et ses sbires.
Casting hitlérien ? Mouais ! En grattant les puces !
Bien cordialement,
Francis. |