Pour faire vite voilà ce que j'ai écrit il y a deux ans, il n'y a pas une virgule à modifier :
L’arrivée des « invités »
C’est donc finalement huit hommes qui vont participer à cette réunion organisée par l’envoyé du général de Gaulle : Aubrac et Lassagne pour Libération, Aubry, accompagné de Hardy pour Combat, les colonels Schwartzfeld et Lacaze du groupe France d’abord, Bruno Larat, un agent de Londres qui dirige le COPA et, bien sûr, Jean Moulin.
Le premier participant à la réunion qui se présente chez le docteur Dugoujon est l'organisateur et vieil ami du maître des lieux : André Lassagne. Celui-ci arrive un peu avant 13h30 . Il est inquiet, voire anxieux . Il échange quelques mots avec Dugoujon puis repart vers la « ficelle », où il doit prendre en charge Aubry et Hardy.
Peu après, le colonel Lacaze arrive place Castellane. Lui aussi inquiet, il prend le temps de vérifier les abords de la maison. Vers 14 heures, il sonne et Marguerite Brossier, la domestique, après l’avoir identifié comme un « consultant particulier », le fait entrer au premier étage, dans la chambre du médecin.
Arrive ensuite Bruno Larat, puis, vers 14 h 20, Lassagne, Aubry et Hardy. L’attente commence pour les cinq hommes. Attente qui va se prolonger car Moulin, Aubrac et Schwartzfeld vont avoir plus de trois quarts d’heure de retard.
Moulin a déjeuné en ville, on ne sait pas avec qui , puis s’est dirigé vers la place Carnot où il doit retrouver Aubrac. Les deux hommes ont rendez-vous à 14 heures selon Aubrac, 13h45 selon la femme de ce dernier . Ils prennent ensuite le tram pour se rendre à la place de la Croix-Paquet et emprunter le funiculaire pour Caluire. Ils arrivent au terminus vers 14h20 ; le colonel Schwartzfeld, qui doit normalement les y attendre, n’est pas encore là. Il arrive, conduit par de Graaf, agent de liaison et secrétaire de Moulin. Les trois hommes montent alors dans le tram n° 33 qui, une vingtaine de minutes plus tard, les dépose place Castellane.
Examinons ce point qui, à ce jour, n’a pas encore donné lieu à une explication satisfaisante. Ce retard est dû, si l’on s’en tient au témoignage du seul survivant, à savoir Raymond Aubrac, à l’arrivée tardive du colonel Schwartzfeld au rendez-vous au terminus de la « ficelle ». Aubrac estime ce retard à environ une demi-heure . Antoine De Graaf, parle, quant à lui, de dix minutes . Ce dernier chiffre apparaît plus plausible car Moulin a la réputation d’un homme prudent, très respectueux des règles de sécurité de la vie clandestine . Alors pourquoi en transgresserait-t-il une, fondamentale, qui prévoit de ne pas patienter plus de cinq minutes à un rendez-vous ? La présence de Schwartzfeld à la réunion n’était d’ailleurs pas fondamentale, les premières décisions urgentes pouvant être prises sans lui. Alors comment ce retard s’est-il transformé en près d’une heure à l’arrivée chez Dugoujon ? Qui (ou quoi) a ralenti la marche du trio ? Et une question en découle : pourquoi les Allemands ne sont-ils intervenus qu’après l’arrivée tardive des trois hommes ?
Les derniers « invités » arrivent donc place Castellane vraisemblablement sur le coup de 15 heures. Ils sonnent. Marguerite Brossier vient leur ouvrir et les introduit… dans la salle d’attente du docteur.
Autre point pour le moins étrange : pourquoi les trois hommes ne sont-ils pas dirigés, comme les autres « conjurés » arrivés précédemment, vers le premier étage où devait se tenir la réunion ? D’aucuns ont répondu qu’il s’agissait là d’une simple erreur de l’employée de maison. Peu crédible car Marguerite Brossier connaissait parfaitement au moins l’un des trois hommes et savait la raison de sa venue. Cet homme, c’est Raymond Aubrac. Sa femme, Lucie, l’a confirmé, notamment lors de sa déposition au second procès Hardy, le 2 mai 1950 . Alors si Marguerite Brossier reconnaît Aubrac, pourquoi commet-elle ce qui peut apparaître comme une erreur d'orientation ? Vraisemblablement parce qu’un des trois hommes le lui a demandé … Pour quelle raison ?
Quoi qu’il en soit, tous les participants à la réunion sont là, séparés en deux groupes. Ils n’auront plus longtemps à patienter, dans quelques minutes le drame sera joué.
Alors moi je veux bien tout entendre sur cette affaire mais quand même, Aubrac se "trompe" souvent...
JRG |