Bonjour,
Un brillant juriste : Carl Schmitt.
Un philosophe important : Martin Heidegger
et un grand poète : Gottfried Benn.
Ces trois esprits pourtant critiques, curieux, créatifs, et audacieux ont en commun d'avoir, à un moment de leur trajectoire, rejoint le national-socialisme en déclarant que c'était là l'expression majoritaire du désir politique du peuple allemand à un moment de son histoire et qu'ils ne voulaient pas s'en extraire, s'en séparer. (Contrairement à Mann, Musil, Brecht, etc. qui quittèrent l'Allemagne hitlérienne.)
La question demeure, gênante : comment, par quelle perversion des valeurs humanistes, chrétiennes, ... les plus solidement ancrées - du moins le croyait-on jusqu'en 1933 - une partie importante de l'élite culturelle et scientifique allemande (puis autrichienne) accepta sans broncher un régime qui était la négation même de tout ce que ces esprits avait défendu durant des années... ?
Ayant abordé il y a quelques années dans le cadre d'une émission de radio historique et littéraire le "dossier" (le cas ) Gottfried Benn avec l'écrivain belge Pierre Mertens, fin connaisseur de son œuvre, qui a utilisé le personnage de Benn dans son roman
Les éblouissements, je dois admettre que je ne comprends toujours pas la dérive de tels êtres sensibles...
Bien cordialement,
RC
PS : Le Figarôô Littéraire met en ligne une critique d'une biographie du juriste Carl Schmitt.
Ici :
PS 2 : Je recommande le très beau roman de Pierre Mertens qui tente, lui aussi, par le roman, de cerner ce qui dans la personnalité du poète aux fulgurances formelles, a pu le faire adhérer au nazisme...