Votre sensibilité est un témoignage parfaitement valide. Comme vous j'ai le desir de comprendre comment les horreurs se construisent sans qu'on y prenne garde.
Le policier qui emmene des gens au Vel d'Hiv n'est pas un criminel de guerre, le gérant du Vel d'Hiv dont le site a été réquisitionné non plus, le chauffeur de la RATP qui les amene... le cheminot de la SNCF non plus, celui de la Reichbahn non plus, le fabricant de produit chimique contre les poux appelé Cyclon B non plus etc...
Seul S. Milgram donne des réponses mais elles ne couvrent pas tout. On comprend bien comment se mettent en place des systemes totalitaires et le film de Spielberg "Minority Report" est une bonne illustration des dangers de faire de la prévention en matiere de securité. Le vrai danger ce n'est pas seulement le "délit de sale gueule", c'est la Gestapo qui pour enfermer a titre préventif doit savoir et donc torture; pour savoir si elle doit torturer elle doit juger et comme il lui arrive (focément) de se tromper elle doit tuer pour se cacher a elle-meme sa culpabilité.
Je me demande souvent quelle est la bonne [ou la moins mauvaise] facon de prendre le probleme. Etudier ceux qui se sont trompés pour ne pas faire les bonnes erreurs, est bien sur sage. Est ce suffisant ?
Dans les démocratie modernes d'aujourd'hui, presque tous les éléments sont réunis pour que l'histoire se repete. Meme la presse, répartie de facon partisane, n'est plus un garde fou intellectuel, si tant est qu'elle ait jamais joué un autre role que celui de propagandiste des uns ou des autres. Ca me fait peur.
Monsieur Bush nous disait agir sur la base des rapports de fonctionnaires (non élus), la politique américaine sur l'Irak est une constante qui pré-date sa premiere election. Monsieur Clinton, qu'on ne saurait qualifier de va-t-en-guerre, a interdit le survol contrairement a tous les accords internationaux et notamment la charte de l'ONU. Nous savons bien ici que des nazis ont été condamnés (par les juges américains de Nueremberg) et executés pour "crime contre la paix", c'est a dire pour avoir attaqué des pays. A chaque fois ils ont pris le soin de fomenter des troubles pour justifier leur intervention (Autriche/Naujocks-Schellenberg, Sudetes/Naujocks-Schellenberg, Pologne/Naujocks-Mehlhorn-Schellenberg, Hollande/Naujocks-Knochen-Schellenberg... Meme si Saddam Hussein était un sinistre criminel (personnellement fourni par ceux qui se posent aujourd'hui comme ses juges), certains dirigeants américains ont fait un "crime contre la paix"au sens de la jurispruddence de Nueremberg) et les abus connus [tortures] et inconnus n'ont pas manqué de se produite ;
et nous en France, si notre administration n'a certes pas les memes lubies que l'administration US, elle n'en a pas moins. L'administration anglaise en a ; l'administration allemande en a ... toutes ces administrations developpent une politique qui manipule aussi bien les fonctionnaires (qui ne progressent que s'ils adherent a la ligne), les élus (qui travaillent sur la base de leurs rapports) que les votants. Beaucoups de hauts fonctionnaires considerent que les ministres passent mais que l'administration reste. C'est grace a cela que la France decide de sa force nucléaire sous un Mendes France qui y etait opposé. Moi je suis pour la force de frappe, mais a cette epoque, l'élu de la Nation était contre et sa "fonction publique" en a néanmoins décidé (dams la plus pure tradition du nazisme).
Nous avons une presse qui joue a se sentir puissante en faisant et defaisant des politiciens: la liberté de la presse, comme toute liberté ne peut etre définie que par ses limites... dont les journalistes refusent obstinément que le sujet soit meme évoqué...
Seule l'histoire fournit des réponses partielles (meme si elle aussi est un peu manipulée)parce qu'elle n'est pas reconnue comme présentant un pouvoir potentiel suffisant (audimat trop faible)pour carresser les ego de détenteurs potentiels de pouvoirs (notoriété, politique, argent...). Un de fondements de l'horreur est la personalisation de systemes: la démocratie exige que; la paix exige que; la sécurité exige que... Aucun de ces concepts n'exigent rien du tout, il ne sont meme pas doués de la parole. Ils exigent ce que "nous"(c'est qui nous?) voulons leur faire dire, mais nous ne sommes jamais totalement de bonne foi: y a t il un juste qui sait? Moi je ne sais pas.
Alors au terme de ce long questionnement : doit on étudier les méchants. Je pense que vous avez raison d'apporter comme René Claude une réponse positive. Nous ne le devons pas qu'au victimes, pas qu'a l'histoire (si on peut la définir), nous le devons aussi a nous meme... et donc merci de vos réponses. |