Salut à tous
Donc je me suis procuré ce livre du “dit-Cassius” édité en 1945. Je ne doute pas que ce Normalien fût un grand écrivain et peut-être aussi un grand historien si du moins dans ses autres livres, il n’abuse pas de ce que les logiciens appellent “ les raisonnements en extension” comme il n’a cessé de le faire dans son livre “la vérité sur l’Affaire Pétain”. Finalement cette compilation de faits destinés à servir sa thèse coûte que coûte, comme s’il prenait plaisir à soigner le paradoxe, aboutit à de la désinformation. Il part sur le postulat que l’ensemble de la droite ou presque se refusait à combattre l’Allemagne. Les officiers se sont sauvés en mai 1940. Seule la gauche en 36 avait su réarmer et construire des chars etc… chaque phrase des 217 pages pourrait être reprise. Reprenons seulement quelques affirmations à titre d’exemple :
-Il dit que la France possédait 3645 Chars en Mai 1940. En réalité il n’y en avait que 2200 environ affectés dans les unités, les autres pour la plupart, ou bien n’avaient pas reçus leur tourelle, ( c’est à dire qu’ils n’avaient pas de canon) ou bien étaient trop anciens (chars Renault de la guerre de 14 par exemple). Cassius n’a pas poussé plus loin la recherche de la vérité historique qui aurait desservi son argument.
-Les premiers chars SOMUA et Hoschkiss ont été livrés en 1937, aux unités de cavalerie transformées en unités blindés, par exemple celles de la 2ème division légère mécanique ( le 13ème dragon de Melun par exemple ). Je doute fort que Léon Blum et le Front Populaire qui n’avaient qu’en tête à ce moment, c’est bien connu selon Cassius, que le danger qui se profilait à l’Est, aient eu le temps de concevoir et de construire ces engins modernes pour l’époque, à partir de leur arrivée au pouvoir en Mai 36 c’est à dire en moins d’un an tout en appliquant la semaine des 40 h. et les 3 semaines de congés payés.
Le début de l’effort militaire français date en réalité du vote des comptes spéciaux de guerre par la chambre des députés en sa séance du 14 juin 1934. Le ministère Blum , il est vrai, avait finalement reconduit les crédits mais à contre-cœur car pour Blum la constitution d’un corps blindé à l’Allemande ne s’imposait pas puisque un tel corps est fait selon lui pour l’offensive et la conquête et que la France est un pays pacifique qui n’a besoin que de se défendre (discussion budgétaire à l'assemblée).
- Les officiers se sont sauvés, parit-il : sur les 80000 tués de l’Armée françaises en 6 semaines, il y a eu plusieurs milliers d'officiers et 10000 sous-officiers. Ils ont tué 60000 Allemands.
-Les premiers réfractaires au régime de l’Armistice étaient plutôt des gens de droite, voire des militaires. Il suffit de citer les officiers et les jeunes gens qui se sont embarqués pour l’Angleterre sur des bateaux de pêche bretons pendant le 2ème semestre 1940 et qui ont constitué le noyau de la 1ère Division française libre. Le 1er Réseau de résistance mis sur pied dès septembre 40 et qui possédait d’emblée le plus grand nombre d’adhérents était celui de Frenay politiquement bien à droite...
Les Français de l’époque n’étaient pas divisés en gens de droite pour la collaboration et gens de gauche pour la résistance à l’oppresseur comme souvent cherchent à le faire croire encore actuellement quelques archéoptéryx du Socialo-marxisme effondré pourtant depuis déjà 15 ans. La division n’était pas verticale mais horizontale. C’était d’ailleurs vrai pour tous les microcosmes : par exemple “la Cagoule” s’était partagée, partie dans l’entourage de Pétain et partie à Londres. Yves Farges (de gauche) à Londres avait fait remarquer à De Gaulle que la France libre était un repaire de Cagoulards.
Autre exemple : dans le grand banditisme, à Marseille en particulier, les uns se sont mis au service de la gestapo, les autres ont servi souvent courageusement le maquis.
-Pétain avant guerre : Il n’appartenait à aucun complot, aucune manigance, il ne militait dans rien. Ce qui l’intéressait était de vivre sa vie tranquille avec sa petite promenade digestive après le repas de midi. Surtout pas d’ennui avec les femmes non plus : Il logeait sa Nini qu’il avait fait sauter sur ses genoux quand elle avait 4 ans en 1877 alors qu’il était jeune sous-lieutenant en garnison sur la côte d’azur (et qu’il avait épousé en 1920), dans un appartement sur le même palier que le sien. Surtout pas trop de promiscuité.
Voici un épisode rapporté par un nommé Pierre Sement ( Discours de réception à l’Académie de Rouen du 17 octobre 1959 et “ lnfluence des maîtres, Fécamp 1961”, cité par Pierre Bourget dans son livre sur Pétain page 152) : Lyautey, un jour de 1924 aurait eu l’idée que le temps était venu de changer la politique de la France qui caracolait pendant cette 3ème république vers son 50ème changement de Président du conseil. Il consulte les maréchaux Foch, Franchey D’Esperey, Fayolle qui lui promettent leur concours. Reste un personnage à convaincre, plus difficile : Pétain. Celui-ci comme d’habitude laisse parler en silence. Mutisme habituel de Pétain avec son visage marmoréen quel que soit l’interlocuteur. Il faut lui arracher une observation. “ Vous me désapprouvez ” dit Lyautey. Oui, réplique Pétain”. “ Si demain je tentais de renverser le gouvernement et que Herriot fasse appel à vous. Que faîtes vous, poursuit Lyautey ”. “J’apporte mon concours à Herriot , réplique pétain…” En réalité, Pétain n’était même pas républicain. Il était en dehors de tout.
Enfin “Cassius” qui s’est abrité en Suisse en 1942, encore jeune, 39 ans, aurait dû tempérer ses affirmations. Après avoir lu le livre, le lecteur aurait imaginé qu’il aurait rejoint à cette date les Forces Françaises Libres ou au moins l’Afrique du Nord pour revenir ensuite libérer son pays.
Cordialement. |