Quels étaient leurs projets ? Cela dépendait d'abord de la personnalité et de l'implication de chacun, au moins sur les modalités, mais dans l'ensemble, les agents plus ou moins motivés de la Schwarze Kapelle partageaient l'idée de conclure la paix avec les Anglo-Saxons, évacuer les territoires occidentaux jusqu’à la ligne Siegfried, pour se reporter à l’Est, sur un front raccourci.
Les territoires occupés à l'Ouest (France, Bénélux) devaient servir de gages, y compris la Scandinavie et le théâtre méditerranéen. L'essentiel était de libérer des troupes pour repousser le rouleau compresseur soviétique. La Schwarze Kapelle, comme Hitler, comme Himmler, jouait sur l'anticommunisme des Américains et des Britanniques.
De sorte que dès le 9 juillet 1944, suite à un entretien entre Rommel et Hofacker (autre conjuré), une offre d’armistice sera rédigée à l’attention de Montgomery par le conseiller juridique de Von Stülpnagel. Cette offre ne sera cependant jamais transmise, Von Kluge (chef du Front Ouest) pratiquant un attentisme qui virera au ralliement pro-hitlérien dès l'annonce de l'échec de l'attentat du 20 juillet. Il semble cependant que Kluge ait entrepris d'approcher les Alliés autour de la mi-août pour négocier (comme l'a d'ailleurs suspecté Hitler), mais cette thèse demeure encore sujette à discussion.
A dire vrai, les conjurés étaient surtout en désaccord sur la manière d'obtenir gain de cause : fallait-il supprimer Hitler (option Stauffenberg) ? Le faire arrêter (option Gördeler au printemps 1944) ? Le convaincre de changer d'avis sur la situation du front (option Rommel jusqu'à la mi-juillet) ? Ces désaccords ne seront pas sans conséquence sur les chances de réussite de la conspiration... |