> On a trop longtemps angélisé un officier nazi, qui a dû
> toute sa carrière à Hitler, et qui l'a servi loyalement
> et de toutes ses capacités, jusqu'à l'été 1944. Cette
> tardive prise de conscience s'apparente plutôt à de
> i'opportunisme.
C'est possible.
> Si l'Armée Rouge était restée bloquée à l'Est, et le
> débarquement de Normandie repoussé, Rommel serait resté
> d'une inébranlable fidélité pour son Fuhrer.
Mouais. Rommel n'était pas en accord avec la politique d'atrocités du régime et l'avait fait savoir - ne serait-ce que par pragmatisme.
> Sa contestation tardive de l'hitlérisme ne résulte que
> des défaites. Il serait temps de cesser de lui tresser
> des guirlandes de "résistant".
Il a tout de même bougé, au contraire de quantités d'autres généraux, pour mettre fin à la guerre. Il a quand même agi, malgré la menace de la Gestapo, contre Hitler - certes tardivement. Il est quand même mort pour cela.
> Il a soigneusement peaufiné son image de preux chevalier
> de la guerre du désert.
Cette image lui vient de la Propagande allemande et des Britanniques, soucieux de conférer une aura de surnaturel pour expliquer leurs défaites autrement que par leur incompétence. En 1943, un film hollywoodien, "Les cinq secrets du désert", ira jusqu'à le mettre en scène sous forme d'un séduisant bad guy interprété par Erich von Stroheim !
Preuve, décidément, que Rommel n'est pas responsable de sa propre légende.
> Parce que ce théâtre
> d'opérations ne se prêtait pas à de la guerilla et à des
> représailles contre des civils.
Pas probant. En 1944, il s'est opposé avec la même vigueur au massacre d'Oradour.
> En 1939, il commandait
> le pilonnage de Varsovie par l'artillerie, sans aucun
> état d'âme.
Ca m'étonnerait : Rommel ne dirigeait que les quartiers généraux du Führer, à cette époque, il n'avait aucune responsabilité sur le front lui-même. Le bombardement de Varsovie l'a choqué, mais - voilà qui est intéressant - il a accusé l'irresponsabilité des autorités adverses d'avoir aggravé ce désastre humain... De plus, il n'a prêté aucune attention aux premières déportations frappant la population civile et ses relations avec Hitler sont au beau fixe. Le 19 septembre, il écrit à sa femme que « nous voici en ce jour, dans la superbe Dantzig. Le Führer parlera au monde entier. Hier soir, pendant deux heures, j’ai pu discuter avec lui de questions militaires. Il a envers moi une attitude extraordinairement amicale… J’ai tout lieu de croire que je ne resterai pas longtemps à la Kriegsschule après la guerre ».
> Aprés Bir Hakeim, des combattants juifs de l'armée
> anglaise ayant été capturés, il ne leur a pas accordé le
> statut de prisonniers de guerre, et les a fait
> transférer par avion en Allemagne (malgré sa pénurie de
> carburant) pour que la dangerosité de ces ennemis du
> Reich soit traitée en conséquence.
Quelle est la source de votre affirmation ? J'ai d'autant plus de raisons d'en douter que Rommel refusera par exemple d’appliquer la directive édictée par Hitler le 18 octobre 1942 prévoyant d’exécuter les membres des commandos ennemis...
> Enfin, en juin 1940, ayant capturé un capitaine
> français, il lui ordonna de monter sur son char, et de
> le guider pour faciliter sa progression. Le capitaine
> ayant refusé cette coopération déshonorante, Rommel le
> fit abattre dans un fossé, soulignant qu'il avait "vu de
> la haine" dans les yeux du Français.
C'est vrai. Il s'agissait du colonel Savare, du 254e régiment d’infanterie, abattu sur instruction de Rommel après trois sommations, pour avoir refusé de donner l’ordre de cessez-le-feu à son unité.
La 7e Panzerdivision massacrera aussi quelques prisonniers de guerre sénégalais au cours de la campagne...
> Ce passage, raconté par Rommel lui même, figurait dans
> la première édition de "La guerre sans haine". Dans les
> éditions suivantes, il fut pudiquement censuré.
Tout juste. |