Bonjour,
C'est vrai. Mais, alors pourquoi cette impression de malaise qui accompagne le lecteur au fur et à mesure de la (re)lecture du compte-rendu. Comme si la formule retenue pour le débat, à savoir des historiens-amis et des historiens amis ex-acteurs de l'histoire (Vernant et Cordier), mi-complices mi-examinateurs, avait rendu le projet de mise à plat impossible.
Il y a un "nœud" douloureux qui est formé des liens mêlés de l'histoire et de ses exigences de précision, des liens affectifs qui lient les historiens aux Aubrac et des liens du respect un peu sacré du à deux personnages fortement emblématiques de la Résistance, un respect qui en sortira de toute façon abîmé, quelque soit le résultat des experts qui sont selon moi trop proches et trop lointains...
C'est Daniel Cordier, une fois encore, qui résuma douloureusement une impression d'inachevé dans la lettre à Lucie (dont Jacques avait déjà cité des extraits dans un débat sur Caluire.) :
"Je devrais être satisfait de votre innocence unanimement reconnue et par moi-même proclamée.
Pourtant, je suis malheureux.
Je dois vous avouer que, durant le week-end qui suivit cette épreuve, je traînai un malaise comme je n'en ai jamais vécu. Je suis envahi par un découragement (passager, je l'espère) devant la vanité de tant d'efforts inutiles pour connaître la vérité. Peut-être suis-je seulement victime des chaleurs étouffantes de cet été précoce..."
Bien cordialement,
René Claude |