Bonjour,
Il est indéniable que Murphy ne soutint jamais le général de Gaulle même si dans son "récit", pointe de temps à autre un soupçon de sympathie. "Un diplomate parmi les guerriers" date de 1964. Murphy est diplomate jusqu'au bout des ongles, y compris dans ses mémoires. A Vichy ou à Alger, on pouvait le surprendre à l'apéro en compagnie d'un dignitaire nazi, déjeuner avec Weygand et, au pousse-café, accoudé au bar, converser avec un gaulliste. Toujours avec un sourire charmeur.
Non seulement Murphy épousait les vues de Roosevelt mais aussi, comme conseiller direct, sans passer par le Département d'Etat, Murphy inspirait probablement le président des Etats-Unis. L'action d'un diplomate se doit d'être pragmatique. A Alger, en 1942, l'objectif de Murphy était d'assurer le succès de l'opération "Torch". Se tourner vers la France libre aurait probablement compromis le débarquement car il était convaincu, avec raison probablement, que les Etats-Unis se seraient aliénés tous les Vichystes et plus particulièrement l'armée française hostiles à de Gaulle.
Comme le précise Anne Laurens, l'hostilité de Roosevelt à l'égard de De Gaulle remonte vraisemblablement à juin 1940. De Gaulle n'était qu'un obscur officier et les milieux politiques le présentaient comme un aventurier fasciste. Dans l'esprit de Roosevelt, l'affaire de Dakar confirma cette rumeur. Roosevelt en conclut que de Gaulle ne possédait aucune lucidité politique et s'était lancé dans une guerre civile où il mettait ses ambitions personnelles au-dessus des intérêts français et alliés. Cette méfiance ne quitta jamais Roosevelt.
Bien cordialement,
Francis. |