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Edition du 01 février 2023 à 19h49

Histoire d'une falsification / Jean-Marc Berlière, Emmanuel de Chambost et rené Fiévet

En réponse à -6 -5 -4 -3 -2
-1Que faisait Hitler en juillet 1942 ? de Emmanuel de Chambost

il se tenait au courant de françois delpla le mercredi 01 février 2023 à 19h00

On lit parfois qu'Hitler, une fois lancée la Solution finale, s'est désintéressé de son déroulement et rien n'est plus sot ni plus faux.

Un élément de preuve, que j'ai découvert trop tard pour l'intégrer dans mon livre sur Bormann, a été apporté par Alfons Schulz.

Ce soldat, né en 1922, réfractaire au nazisme en raison de sa foi catholique, est affecté au QG d'Hitler dans une fonction technique peu après le déclenchement de Barbarossa. Il s'occupe des communications téléphoniques au "centre d'information", presque jusqu'à la fin de la guerre. Un cercle d'amis catholiques se forme là et commente les événements. Son fils, historien, le convainc de publier ses souvenirs en 1995. Mais ses informations n'ont encore guère irrigué les biographies d'Hitler, les livres sur l'armée allemande ou sur la Shoah, ...ni même, pour la plus grande confusion de son auteur, la première biographie historique de Martin Bormann.

Un journal de Cologne avait cependant interviewé Schulz à l'occasion de l'anniversaire de l'attentat manqué du 20 juillet 1944, en juillet 2004

Une recension parue en 1998 dans la revue Freiburger Rundbrief résume ainsi le propos :
===================
Drei Jahre in der Nachrichtenzentrale des Führerhauptquartiers
Christiana Verlag, Stein am Rhein 1996. 274 Seiten.
Alfons Schulz war einer von 18 Soldaten, die als Funker, Telefonisten oder Betriebsfernsprecher im Nachrichtenbunker Hitlers beschäftigt waren. Als solcher hatte er einen außergewöhnlich nahen Einblick in die Kriegführung Hitlers. Er konnte aus unmittelbarer Nähe Hitler, Göring, Himmler, Goebbels, Jodl, Keitel und andere beobachten. Schulz war nicht nur kein Mitglied der NSDAP, sondern praktizierender Katholik aus den Reihen der von den Nazis verpönten und bald aufgelösten „Katholischen Jugend“. Seine technischen Fähigkeiten machten ihn bald unentbehrlich. So wurde er überall dort eingesetzt, wo der „Führer“ gerade sein Hauptquartier aufschlug, sei es in der Wolfsschanze in Ostpreußen, auf seinem Berghof, bei Winitza in der Ukraine oder in der „Anlage Wiesenthal“, von der aus Hitler im Dezember 1944 für kurze Zeit die Ardennenoffensive leitete. Nach Kriegsende wurde Schulz interniert. Daß er im „Führerhauptquartier“ gedient hatte, trug ihm jahrelange Verhöre und Nachforschungen ein. Es wäre interessant zu wissen, warum ein Zeitzeuge ersten Ranges wie Schulz erst mit einer Verspätung von fünf Jahrzehnten (1996) sein Buch veröffentlichte. Zwar läßt sich nicht sagen, er hätte grundlegend Neues oder bisher kaum Bekanntes veröffentlicht. Hier und da stößt man jedoch auf bisher unbekannte Details, die in ihrer brutalen Einfachheit so noch nicht beschrieben wurden. Im Kapitel „Geheime Verbrechen“ (98) erzählt der Verfasser, wie Mitte Mai 1942 sein Kamerad, Walter Meiendresch, totenbleich und sich übergebend vom Nachtdienst zurückkehrte. „In der fraglichen Nacht hatte er (Meiendresch) ein Gespräch zwischen Himmler und Bormann mitgehört. In diesem brachte der Reichsführer eine ,erfreuliche Nachricht‘ aus Auschwitz für den Führer. Wieder seien dort plangemäß 20 000 Juden liquidiert, — er verbesserte sich — evakuiert worden.“ Bormann hätte ihn darauf wütend angefahren und scharf darauf hingewiesen, daß solche Meldungen nur schriftlich durch Kuriere, ihm persönlich zur Weiterleitung an den Führer, zugestellt werden dürften. Er verbat sich energisch jegliche weitere Benachrichtigung über dieses Thema auf anderen Wegen. Meiendresch war derart schockiert, daß er krank wurde, war er sich doch bewußt, daß es hier um eines der meist gehüteten Geheimnisse und Verbrechen der Nazis ging und daß das unerlaubte Wissen den Tod bringen konnte. Nach dem Attentat auf Heydrich (Mai 1942) begann die Massenvernichtung im Osten auf hohen Touren zu laufen. Schulz war es während seiner drei Jahre im Hauptquartier auch gelungen, eine Reihe von historischen Fotos zu machen, z. B. mit Mussolini, Antonescu, Mannerheim, dem bulgarischen König Boris, Ribbentrop und anderen. Der Sohn von Alfons Schulz ist Historiker, und er war es offenbar, der seinen Vater dazu brachte, dieses Zeitzeugnis abzulegen.
Reuven Assor
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L'auteur a repéré, p. 98, une information essentielle : l'un des membres du cercle, Walter Meiendresch, est rendu malade, au point de prendre plusieurs jours de congé, par une conversation entre Himmler et Bormann qu'il a entendue une nuit, vers la mi-mai 1942 :

"Le Reichsführer SS apportait au Reichsleiter Bormann 'une nouvelle d'Auschwitz propre à réjouir le Führer'. On avait encore, tout à fait conformément au plan, 'liquidé', pardon, 'évacué', corrigea-t-il immédiatement, 20 000 Juifs.
Bormann l'avait réprimandé avec colère et avisé sèchement que de telles informations devaient être données par écrit, dans des courriers apportés à lui personnellement par un officier SS pour transmission au Führer.

C'était la première fois que filtrait sur ce meurtre de masse quelque chose qui perçait le silence qui régnait sur cette question, même dans notre centre d'information. Nous restreignîmes cependant, pour des raisons de sécurité, la diffusion de cette information à notre petit cercle."


Le dernier chapitre de ma bio de Bormann, consacré à la prétendue "polycratie nazie", aurait avantageusement bénéficié de cette information. Elle contribue à prouver qu'Hitler avait l'oeil sinon à tout, du moins à ce qui lui tenait le plus à coeur, que le meurtre des Juifs d'Europe en faisait partie, qu'il s'en faisait communiquer les détails en cette période où les installations de gazage d'Auschwitz étaient mises au point et que Bormann était déjà, un an avant d'en recevoir officiellement le titre, "secrétaire du Führer" au moins sur ce chapitre. A tel point qu'il se permettait de traiter Himmler avec une sévérité professorale.

La pratique nazie du secret est également bien éclairée, non seulement au niveau de la direction suprême, mais à celui des subalternes qui surprennent des conversations. Tout le monde comprend vite les vertus du silence.

Enfin je relèverai l'impuissance des milieux catholiques à s'organiser, autrement que par des petits groupes empêchés d'agir collectivement, ne serait-ce que par des transmissions d'informations. Hitler introduit un petit cercle de fervents croyants au coeur de son appareil de direction, et exploite leurs compétences techniques sans grand risque et sans grande surveillance. La question "comment ont-ils pu obéir aussi longtemps ?" trouve ici une partie de sa réponse.

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