Il est agréable de débattre avec une personne dont on ne partage pas le jugement mais qui défend un point de vue étayé avec soin plutôt que de se réfugier dans l'anathème.

Je suis d'accord avec vous sur ce qui concerne Rado qui comme Foote, schellenberg et bien d'autres ré-écrivent l'histoire a posteriori plus comme ils l'ont vécu émotionnellement ou pour l'image qu'ils veulent donner d'eux même.

J'ai, c'est clair, une opinion qui diffère de la vôtre sur le Brigadier Masson mais, surtout dans le milieu des services secrets, il faut avoir une grande humilité sur les sources et leurs recoupements. En parlant de Rado vous soulevez la question des sources que l'on retient. Seul une profonde modestie, une capacité à se remettre en question, une rigueur analytique, permet de ne pas verser dans le sensationalisme de sources découvertes après de longues recherches.

Je tiens à vous remercier pour les éléments de preuves que vous apportez et que je ne cherche bien sûr pas à écarter.

Mon souhait est de comprendre et d'approcher aussi près que faire se peut la "vérité".
Je suis en celà l'approche énoncée dans Beyond Deduction and Induction: Towards Perfect Truth According to Edgar Allan Poe and the vitally momentous consideration that a perfect consistency can be nothing but an absolute truth.... The Keplers, I repeat, speculate — theorize — and their theories are merely corrected — reduced — sifted — cleared, little by little, of their chaff of inconsistency — until at length there stands apparent and unencumbered Consistency — a consistency which the most stolid admit — because it is a consistency — to be an absolute and unquestionable Truth.

Dans cet esprit, je ne suis pas gêné que vous remettiez en question certaines "preuves documentaires" comme la relation de Rado et vous me permettrez, j'espère, d'en mettre certaines de celles que vous présentez en question... au nom de la cohérence. Pas la cohérence de "ma" perception ou de "la vôtre" mais la cohérence entre les personnages considérés, les situations prévalentes et les actions ou écrits de ces personnages ou d'acteurs secondaires éclairants. Ceci exige, selon moi de regarder bien sûr le point de vue Suisse, mais aussi les archives allemandes, les archives américaines, les archives françaises et les archives britanniques... toutes avec circonspection. Les vainqueurs écrivent l'histoire mais pas forcément la vérité.

Ayant eu à me battre pendant dix ans contre la machine fiscale de l'état français dans une procédure qui est remontée jusqu'à des tribunaux en Suisse (et j'ai gagné tant au pénal en première instance et en appel que devant le tribunal administratif et les tribunaux suisses), je suis bien placé pour savoir qu'un document de justice ne peut être reçu prima facie. Les tribunaux de la Suisse où j'étais résident (et que donc j'aime bien) ne sont guère plus courageux face à une instance administrative qui est présumée, comme en France, avoir raison contre un individu et être de bonne foi. Telle n'est pas mon expérience et ce qu'un individu isolé obtient d'un tribunal, dans le meilleur des cas, n'est pas une condamnation d'une administration ou de ses agents mais simplement un désaveu de leurs attaques.

Tout ceci pour vous donner crédit de ce que les documents de tribunaux sont réellement intéressants et apportent des pièces au puzzle, mais ne sauraient selon moi le reconstituer pleinement. Dans notre exemple, que pourraient deux malheureux boutiquier communistes alors que ce parti a été dissous face à un officier supérieur pouvant exciper d'une conviction que son appartenance à des services secrets le dispense de révéler toutes les sources. Même si je n'aime pas plus l'absolutisme meurtrier des nazis que des communistes, j'ai une passion pour la vérité dissimulée et donc je traque la vérité au travers de la cohérence. D'où mon souci et mon plaisir à enregistrer vos réponses et les intégrer avec attention.

J'aurais égoistement plaisir à ce que vous en fassiez de meme car alors ma recherche progresserait plus vite. Il m'a fallu 40 ans d'études et de recherches pour connaître profondément schellenberg qui me paraît être un personnage plus complexe que notre Brigadier Masson, voir même que le Général Henri Guisan... mais peut être cette impression vient elle d'une connaissance trop peu profonde de ces deux personnalités.

En tous cas, croyez en la sincérité de mes remerciements et en l'attente d'éléments de nature à enrichir la recherche de cohérence ... et au travers elle à approcher d'une vérité inatteignable.

Je reviendrai vers vous avec plaisir et intérêt sur des aspects plus spécifiques à mettre ensemble en lumière sans haine ni flagornerie.