Le livre de Charles Rickard, La Savoie dans la Résistance, a bien été cité dans ce débat, mais il est vrai que, pour ma part, je ne l'ai pas mentionné dans ma bibliographie commentée sur les Glières, non par oubli (puisque je possède cet ouvrage), mais parce que, sur cet événement, il ne donne qu'une vue générale qui n'apporte rien de nouveau ni dans un sens ni dans un autre (ce n'est pas une critique défavorable, car le livre a pour but de donner une vue d'ensemble de la Résistance dans toute la Savoie).
Par exemple, sur les questions dont vous parlez, j'ai préféré mentionner d'autres auteurs :
- sur la mission donnée par Romans-Petit à Tom Morel sur le plateau des Glières fin janvier 1944, je préfère citer Romans-Petit lui-même qui, en 1945, dans son livre Les obstinés, p. 77, parle clairement de réceptionner les parachutages promis par les Anglais avec au moins deux cent cinquante hommes ; ce n'est qu'en 1970, à une époque où l'on considérait les grands rassemblements de maquisards comme des erreurs tactiques, que Romans-Petit a évoqué ce chiffre d'une centaine d'hommes, si souvent repris, entre autres pour reprocher à Tom d'avoir ensuite regroupé trop de monde (alors que le maquis des Glières manquait d'hommes pour récupérer les conteneurs et défendre le terrain de parachutage dans la neige abondante) ;
- sur l'ordre d'exfiltration donné par Anjot le 26 mars à 22 heures, je préfère me référer, entre autres, à Pierre Golliet qui écrit dans Glières - Haute-Savoie - Première bataille de la Résistance - 31 janvier - 26 mars 1944 : « Sa grande idée [à Anjot] est de sauvegarder l'honneur en épargnant le plus possible la vie des hommes », ou à Claude Antoine qui, dans Capitaine Maurice Anjot, le chef méconnu des Glières, analyse les motivations du capitaine.
Cela dit, effectivement, Maurice Schumann a déclaré à la BBC le 6 avril 1944 : « Héros des Glières, quelle est votre plus belle victoire ? [...] Pour tout dire, d’avoir déjà ramené Bir-Hakeim en France. »
Ainsi, comme l'écrit l'historien Crémieux-Brilhac, dans son article « La bataille des Glières et la guerre psychologique » (in Revue d'histoire de la Seconde Guerre mondiale), « un épisode local de résistance [se transforme] en épopée [...] et la bataille des Glières [devient] une des phases les plus dramatiques de la guerre psychologique. » C'est ce que Claude Barbier n'a pas voulu prendre en compte : l'aspect symbolique et l'effet psychologique, à la fois local, régional, national et international...
Sur ce, auriez-vous l'amabilité d'indiquer la référence de cette réaction de François Broche dans la revue de la Fondation de la France Libre ? Merci par avance. |