... je veux dire, de toute son entreprise. Laquelle commence par la "découverte", dans les semaines suivant la défaite de 1918, du "mensonge juif".

La défaite du Deuxième Reich résulte en grande partie, d'après ce caporal, de l'immense supériorité du camp adverse en matière de propagande. Rien n'urge plus que de lui damer ce pion. Le nazisme lui-même sera mensonger, d'un bout à l'autre : nécessité fait loi, et vertu. Cette affaire est donc, dès le début, une entreprise négationniste : de la défaite allemande, de la sagesse résignée de ceux qui ont demandé l'armistice, de la satisfaction de la France, de la relative modération du traité de Versailles, de l'habileté du parti socialiste allemand à sauver les meubles, etc. etc.

Les records que battent les Juifs en matière de mensonge, de cruauté, de complot, etc., l'Allemagne doit, sous la conduite d'un chef unique et sans scrupules, les battre à son tour.

Pour moi, le négationnisme commence quand on ne prend pas bien conscience de ce qui précède. D'autre part, cette inconscience, fort répandue encore de nos jours, est l'aliment le plus consistant de l'audience des négationnistes obsessionnels et professionnels, je veux dire ceux qui nient l'existence des chambres à gaz et le judéocide nazi en général.

Ce qu'il faut briser, c'est ce complotisme en miroir, sans quoi... sept ans de malheur, et même beaucoup plus.

Je reproche avant tout à la loi Gayssot d'être un barrage contre le Pacifique. J'entends par ce dernier mot la manie de fantasmer un complot mondial contre les honnêtes gens, germée dans le cerveau d'Adolf (sans ignorer ce qu'elle doit aux mythes préexistants du complot maçonnique à l'origine de la Révolution française et des protocoles des Sages de Sion), inoculée par lui à Staline lors de sa lutte contre Trotsky (en attendant Tito) puis transmise aux deux camps de la guerre froide et, plus près de nous, aux sieurs Bush et Ben Laden.

Cette logique, aujourd'hui dieudonnée, on ne la brisera pas par des lois, même si celles qui répriment l'appel à la haine sont utiles.

En revanche, voir le nazisme en face, sans avoir peur de ce qu'on voit, sans le diluer dans des dizaines de conflits interpersonnels et interbureaucratiques, bref, faire une histoire correcte du XXème siècle pour repartir du bon pied dans le suivant après un début particulièrement titubant, voilà l'important et le vrai défi.