Bonsoir,
François Delpla écrivait :
"il [Daniel Cordier] s'est fait méchamment rembarrer par la majorité des historiens, lors de la parution de ses deux premiers tomes sur Jean Moulin, et que des résistants ont été pour beaucoup dans le renversement de la tendance, dont Stéphane Hessel et... les Aubrac ?"
La majorité des historiens ? Lesquels ? Hormis Henri Noguères qui d'autres ?
Noguères, en juin 1983, lors d'une journée d'études organisé par l' IHTP et bien que n'ayant pas connu Jean Moulin, estimait avoir fini par «
bien le connaître » en travaillant la période et ne l'avait pas «
entièrement reconnu » dans les propos de Daniel Cordier.
Auquel Daniel Cordier répliqua un peu plus tard «
... j'espère ne pas choquer quelqu'un qui n'a pas connu Jean Moulin, en lui disant que je ne suis pas étonné qu'il ne l'ait pas, ce matin, reconnu. »
Parmi les historiens qui ont soutenu Daniel Cordier outre ceux cités par François Delpla sous un autre débat (Azéma, Bédarida, Rousso, Veillon), ajoutons René Hostache, Eric Conan, Daniel Lindenberg ... ou encore René Rémond qui écrivait :
"En tant qu'historien non acteur, j'ai été extrêmement frappé par la nouveauté de ce qu'à apporté Daniel Cordier, eu égard à un certain nombre d'idées reçues."
Laissons le mot de la fin à Eric Conan et Daniel Lindenberg qui, dans le numéro
Esprit de janvier 1994, sous le titre "
Pourquoi y a-t-il une affaire Jean Moulin" écrivaient :
"Il était peut-être nécessaire que cette rupture, que n'avait pas osée les universitaires, vienne d'un acteur historique, fait Compagnons de la Libération par le général de Gaulle.
L'homme de confiance de Jean Moulin aura finalement bousculé le premier les récits commémoratifs. Refusant d'ajouter un exemplaire à cet empilement de souvenirs et de mémoires dont il est établi l'imprécision, voire la fausseté, Daniel Cordier est devenu un scientifique. Reconnu comme l'un des leurs et soutenu par nos meilleurs historiens (en particulier Jean-Pierre Azéma), se conformant aux règles du travail historique et n'accordant aucune valeur intrinsèque aux témoignages (et à ses souvenirs), il a fondé ses recherches uniquement sur les archives.
Alors que pendant des années des historiens invoquaient l'absence d'archives sur la Résistance, Daniel Cordier a retrouvé, exhumé et publié une masse énorme de documents aussi essentiels qu'inédits."
Bien cordialement,
Francis.