Bonnes retrouvailles !
Vous écrivez sur Passion-histoire :
Halder lance une ébauche d'étude opérationnelle de guerre à l'est" (p.86, avec note infrapaginale référençant les documents suivants liés au sujet de cette ébauche : G.R. Ueberschaer, "Hitlers Entschluss zum Lebensraum-Krieg im Osten, Programmatisches Ziel oder militärisches Kalkül?", B.R. Kroener, "Der erfrorene Blitzkrieg", Strategische Planungen der Deutschen Führung gegen die Sowjetunion und die Ursachen ihres Scheiterns" in B. Wegner, "Zwei Wege nach Moskau Vom Hitler-Stalin Pakt bis zum Unternehmen "Barbarossa").
(...)
25 mots sur l'"ébauche de plan" de l'OKH, c'est bien peu.
Je suis d'accord, ô combien !
Mais le problème, c'est que les "documents" en question sont des livres, de même que Lemay et l'ouvrage que lui invoque, de Dirks et Janssen (1999). Sa page de ses références sur "Otto" est d'ailleurs en ligne :
Nous avions sur ce site, en 2007, à l'occasion d'une discussion animée, convenu qu'il y avait, dans une citation russe du journal de Halder (début juin 40), une grosse inexactitude, mais n'avions pas approfondi, alors que l'un d'entre nous avait invoqué au départ le bouquin de Lemay sur Manstein. Or ce que donne à penser ce livre, c'est qu'il y a dans celui de Dirks et Janssen exploitation d'un document, ou de plusieurs, extrêmement précis sur un complot militant de l'OKH fin mai pour détourner Hitler d'ouest en est, dès l'automne 1940, une cachotterie maintenue pendant environ deux mois et une révélation brutale à un Hitler dont on nous décrit l'ébahissement, le 21 juillet, et aussi la conversion, puisqu'en dix jours il se rallie à l'idée tout en l'adaptant de deux façons : en excluant une attaque en 1940, et en renforçant les moyens qu'avait envisagés l'OKH.
Nous sommes donc à présent sur la piste d'une fabrication stalinienne d'envergure, répercutée de façon acritique par une kyrielle d'historiens à la fin du siècle, dans l'émerveillement de la découverte des archives soviétiques.
Pour avancer, il faudrait maintenant connaître plus précisément le ou les documents invoqués.
En attendant, le mobile de la manip peut déjà être supputé avec une forte probabilité : le désir d'étendre l'obsession antisoviétique de Hitler à ses officiers, au nom d'un marxisme primaire pour lequel les classes priment en tout et toujours les individus, et dans le dessein de justifier la méfiance permanente de la propagande soviétique envers les "revanchards ouest-allemands".