Bonsoir,
Toujours dans le même article signé par François Delpla : En route pour Montoire, Laval s'attendait à rencontrer Ribbentrop. Lorsqu'Abetz lui annonce qu'il va être reçu par Hitler, Laval aurait lancé cette réplique peu académique : "
Sans blague".
La version de Fernand de Brinon encore moins académique :
A 8 heures, Abetz, Schleier[1], Achenbach [2], Laval et moi-même prenons place dans deux autos. Nous arrivons à Tours et descendons à l'Hôtel de l'Univers devenu Kommandantur allemande. Laval pense qu'il va rencontrer Ribbentrop. Il prévient son vieil ami Morin, maire de la ville. On déjeune à l'hôtel. Abetz téléphone fréquemment. Il est sans question d'Erika. On apprendra un peu plus tard que c'est le nom que porte le train spécial du Führer. A quatre heures de l'après-midi on repart. Laval avec Schleier, moi avec Abetz et Achenbach. C'est là que Schleier révèle le véritable but du déplacement : la rencontre avec Hitler.
- Merde alors ! Répond Laval.
Fernand de Brinon, Mémoires, p. 25.
A la décharge de François : il n'a pas souhaité choqué ses lecteurs en reprenant le mot de Cambronne.
A charge de De Brinon qui écoutait aux portes et qui a confondu "Erika" et "Amerika".
Bien cordialement,
Francis.
[1] [2] Ernst Achenbach et Rudolf Schleier : deux diplomates allemands en poste à Paris. Le premier fut l'un des maîtres d'œuvre de la déportation des Juifs en France; le second était chargé de la propagande nazie en France.
Après la guerre, Achenbach occupa d'importantes fonctions dans l'administration allemande. En 1970, Il fut même nommé représentant de l'Allemagne fédérale à la Commission européenne. La nomination fut annulée lorsque les Klarsfed publièrent le dossier impliquant Achenbach dans la déportation des Juifs.