Sur le discours de Pilet-Golaz... - La Suisse et la guerre 1933 - 1945 - forum "Livres de guerre"
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Edition du 20 août 2010 à 21h28

La Suisse et la guerre 1933 - 1945 / Werner Rings

En réponse à -11 -10 -9 -8 -7 -6 -5 -4 -3 -2
-1ma réponse est oui... de Christian Rossé

Sur le discours de Pilet-Golaz... de Nicolas Bernard le jeudi 19 août 2010 à 11h22

> Ce discours est très ambigu. Il a déjà été perçu comme
> tel à l’époque, peut-être aussi parce que, comme
> l’écrivait G.-A. Chevallaz, « son souci de rechercher à
> tout prix la formule, le mot inattendu ou le discours en
> prose rythmée pouvait troubler l’auditoire, qui suivait
> mal la richesse chatoyante, parfois forcée, d’un
> vocabulaire difficilement saisissable à nos Confédérés »
> (Le défit de la neutralité, p. 36). La similitude du
> langage avec le discours pétainiste ne le sert pas.

Sur ce point, Chevallaz n'est vraiment pas sérieux. Le discours n'est pas équivoque, et il n'est pas conçu comme tel.

Rappelez-vous que le contrôle fédéral sur la presse s'est considérablement renforcé en juin 1940, ce qui permet aux autorités de lui communiquer, à l'occasion du discours du 25 juin 1940 : "La rupture de l'équilibre européen ne peut rester sans influence sur notre pays. Il n'est pas exclu que, chez nous comme ailleurs, certaines formes de notre vie nationale devront être adaptées aux circonstances nouvelles. Nous devons toujours être prêts à sacrifier l'accessoire pour sauver l'essentiel." (cité in Jean-Baptiste Mauroux, Du Bonheur d'être Suisse sous Hitler, Editions d'En Bas, 1997, p. 108)

Cette note ne s'adresse pas au "peuple", mais à des individus ayant des prétentions intellectuelles, et dans le contexte de juin 1940, sa signification me paraît limpide : sans qu'il soit nécessaire d'intégrer l'Axe, on se montrera plus accommodant à son égard. Ce n'est tout de même pas un hasard si d'importants titres de la presse suisse soutiendront dès cette époque l'idée d'un rapprochement avec l'Allemagne, notamment René Payot, rédacteur en chef du Journal de Genève (ibid., p. 98).




> Toutefois, il faut se rappeler que nous sommes le 25 juin
> 1940 et que l’influence de Vichy ne peut pas, ou si peu,
> s’être encore exercée sur le Président de la
> Confédération. Ce qui n’exclue naturellement pas des
> influences communes à Pétain et Pilet-Golaz, bien au
> contraire. Pilet-Golaz est clairement un homme d’une
> droite assez dure lorgnant volontiers vers un certain
> autoritarisme.

Personne n'impute ce discours à des suggestions vichystes. Le problème n'est pas là. Il est tout de même significatif qu'au même moment, le nouveau régime d'une ex-grande puissance vaincue (la France) et le leader d'un pays neutre, énoncent des discours véhiculant des idéologies accusant plus d'un trait commun, non ?

Plus précisément, ces discours indiquent que, pour ces deux gouvernements, l'affaire est entendue - ou presque. Les rapports de force mondiaux ont changé. L'Allemagne a gagné. Il faut s'adapter. Accepter quelques sacrifices. Ne plus geindre, ne plus revendiquer, ne plus profiter, ne plus discuter.




> Toutefois, il est nécessaire à mon sens de relire
> attentivement et objectivement ce discours en faisant fis
> de Vichy et en évitant les anachronismes.

Bien dit. Reste à le mettre en pratique...




> On y retrouve
> bien-sûr l’autoritarisme évoqué ci-dessus.

On ne se contente pas de le retrouver. L'autoritarisme et la compromission suintent littéralement d'un tel discours. Impossible pour moi de reproduire la totalité des phrases qui le prouvent, puisque l'entier discours est ainsi.




> Mais au-delà
> de cela, il contient également un appel à une forme de
> résistance, mais évidemment la résistance d’un pays
> neutre jusque là épargné par la guerre :
> « Serrez les rangs derrière le Conseil fédéral. Restez
> calmes, comme il est calme. Demeurez fermes, comme il est
> ferme. Ayez confiance, comme il a confiance. Le Ciel nous
> maintiendra sa protection, si nous savons la mériter. »

Voir dans cette allusion un "appel à une forme de résistance" me paraît franchement tiré par les cheveux. Sans qu'il soit besoin de revenir sur d'autres formules, le contexte général du paragraphe dans lequel s'inscrit la phrase que vous citez est de nature à relativiser - au mieux - votre affirmation.

En effet, l'appel à la fermeté ne vient pas en première position, mais en troisième, après un appel à l'obéissance inconditionnelle ("Serrez les rangs derrière le Conseil fédéral"), et au maintien de l'ordre ("Restez calmes, comme il est calme"). De surcroît, "Demeurez fermes, comme il est ferme" poursuit la volonté de Pilet-Golaz d'identifier le peuple suisse à son gouvernement. Et lorsqu'il se rapporte aux voies du Seigneur, c'est pour immédiatement préciser que le salut divin, ça se mérite : bref, la démocratie de l'époque n'est pas un gage de bénédiction divine.

Même à supposer que votre interprétation soit correcte, ce qui ne me paraît pas le cas, il s'agirait là de la seule allusion "résistante" dans un discours qui n'est pas court, et qui multiplie les concessions à une dérive autoritaire.




> Où voyez-vous, dans le texte, « au discours très
> complaisant envers l'Axe » ?

Vous-même reconnaissez une "similitude de langage" avec le "discours pétainiste"...

En outre, les diplomates étrangers de l'époque ne s'y sont pas trompés :

1) Le chargé d'affaires britannique à Berne, à la suite de l'allocution de Pilet-Golaz, relate que ce dernier est devenu "le principal avocat au Conseil fédéral plaidant pour le maximum de collaboration avec les puissances de l'Axe qui pouvait être accepté par l'opinion publique suisse" (cité in Herbert R. Reginbogin, Guerre et Neutralité. Les neutres face à Hitler, Cabédita, 2008, p. 77).

2) Le Secrétaire d'Etat allemand aux Affaires Etrangères relate, le lendemain de ce discours, à l'ambassadeur suisse à Berlin, Hans Frölicher, que "le gouvernement de Hitler était convaincu que les relations entre le Reich et la Suisse étaient redevenues amicales" (Jean-Baptiste Mauroux, op. cit., p. 97). Mauroux ajoute que "la presse allemande se félicita aussi du discours de Pilet-Golaz" (ibid., p. 98).





> Chevallaz cite notamment la réponse de Pilet à une
> interrogation du Conseiller national Grimm du 26 juin
> 1940 (op. cit., p. 82, tiré des DDS, vol. 13, pp.
> 763-768) : « Nos efforts doivent tendre à ne pas nous
> laisser assujettir à un seul bloc économique. Il faut
> faire contrepoids à certaines pressions économiques qui
> pourraient s’exercer sur nous du Nord, du Sud et de
> l’Ouest ».

Ce qui n'empêche pas le gouvernement suisse de multiplier les concessions, dès le mois de juin, comme je l'ai déjà indiqué.




> Et, en passant, qu’entendez-vous par « Elles [les
> déclarations de Pilet-Golaz] révèlent que sa politique
> menée en 1940 est surtout celle du Conseil fédéral » sur
> l'autre fil ?

Relisez mon message, qui se suffit amplement à lui-même. Pour résumer : il est absurde de supposer que Pilet-Golaz ait agi seul.

*** / ***

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