Ce qui est certain en revanche, c'est que le choix était entre les mains de Hitler, lorsqu'il était au faîte de sa puissance, et qu'il a choisi la magouille et le nid d'espions en tous genres.
Non, pas si certain. A mon sens, ce choix, Hitler ne l’a pas eu. En effet, la problématique nécessite une profondeur chronologique. L’importance de la Suisse comme plaque-tournante de certains réseaux alliés va crescendo et j’estime que la communauté du renseignement helvético-alliée ne devient efficace qu’au cours de l’année 1943.
Durant les années précédentes, la Suisse est bien un nid d’espions, mais surtout d’espions à la solde du Reich – lesquels sont arrêtés et jugés à la pelle. Certes, les Polonais, les Français et les Britanniques sont déjà implantés et travaillent déjà bien. Mais il serait exagéré de voir la Suisse d’alors comme un nid d’espions alliés. L’hiver 1942-43 va voir un renforcement sensible de la guerre secrète en Suisse. L’arrivée d’Allen Dulles et de ses millions n’y est pas pour rien. La perspective d’un débarquement en France non plus. Il semble, à en croire le chef de la branche du SR suisse orientée vers la France, que les Allemands aient perçu cette augmentation d’activité du renseignement allié, puisqu’il fait état, dans son rapport final, d’un net renforcement des mesures de lutte contre l’espionnage durant cette période.
Or, en 1943, Hitler n’est plus au faîte de sa puissance. Il n’est plus en mesure de retirer l’épine s'enfonçant dans son pied, qui jadis le chatouillait et qu’un souffle aurait suffit à anéantir. En passant, le SR suisse, pourtant plutôt enclin à crier au loup, écarte définitivement, dans le courant de l’année 1943, le risque d’une attaque allemande de nature à mettre en danger la souveraineté nationale helvétique.
Ainsi, dans l’éternelle recherche des raisons pour lesquelles Hitler n’a pas envahi la Suisse, il faut écarter de l’équation la variable « renseignement ». L’activité d’espionnage allié sur sol helvétique que le Führer a tolérée était sans commune mesure avec celle qu’il sera contraint d’accepter. |