Les sources relatives à cette offre soviétique (du 17 juillet 1941, pas du mois d'août) ne sont pas exclusivement allemandes, puisque cette péripétie diplomatique bien étayée a concerné l'Union soviétique et la Suède, qui a joué le rôle de courroie de transmission.
J'ignore si l'Abteilung Kriegsgefangene mentionne ou non la chose dans sa propre documentation des années quarante, sachant que le fait a surtout intéressé les pontes de l'O.K.W. (Haut-Commandement de la Wehrmacht), outre le bureau des Affaires étrangères de cet organisme, ainsi que le Ministère des Affaires Etrangères du Reich.
Rappelons que l'Abteilung Kriegsgefangene ("Section des Prisonniers de Guerre") était l'organisme exécutif de l'Allgemeinen Wehrmachtsamt (A.W.A. : Département général) de l’O.K.W. que dirigeait le General der Infanterie Reinecke (un nazi fanatique affublé du sobriquet de "petit Keitel"). Cet office spécial, sous la férule de l'Oberstleutnant Breyer en 1941, était en charge des prisonniers de guerre dans les zones qui ne relevaient pas de l'administration directe de l'armée (où les captifs étaient pris en charge par l'O.K.H., le Haut-Commandement de l'Armée de Terre). Reinecke avait bien insisté, dans ses instructions internes, sur le fait que la Convention de Genève n'avait pas vocation à s'appliquer aux prisonniers de guerre soviétiques dès lors qu'elle n'avait pas été signée par l'U.R.S.S.
La proposition soviétique du 17 juillet 1941 n'a, à ma connaissance, pas été expressément mentionnée au cours du premier procès de Nuremberg, même si les débats ont évoqué la directive précitée du Conseil des Commissaires du Peuple du 1er juillet 1941 ordonnant de traiter les prisonniers de guerre conformément aux conventions internationales. J'ignore en revanche si ces tractations ont été exposées dans les autres procès du Tribunal militaire international, en particulier dirigés contre l'armée allemande et la Wilhelmstrasse. |