En URSS, les accords entre les autorités allemandes et italiennes stipulaient que "tous les soldats tombés aux mains du Regio Esercito sont à considérer comme prisonniers de guerre de l'Italie". Il est bien difficile d'estimer leur nombre, mais les opérations de ratissage du CSIR puis de l'ARMIR ont porté à la capture de dizaines de milliers d'entre eux. Manquant de main d'oeuvre, de nombreux hiérarques fascistes estimaient qu'il fallait les envoyer travailler dans les usines de la Péninsule, ce que Mussolini refusa par peur "d'infections". Le plus souvent, ils servirent de main d'oeuvre sur les arrières des lignes tenues par les divisions italiennes. Les témoignages que j'avais recueillis quand j'étais étudiant dressaient un portrait idyllique de la condition de vie des prisonniers tombés entre les mains des "braves Italiens". Cela est probablement vrai, pour ceux qui désertaient les lignes, et qui arrivaient, isolément ou par petits groupes, vers les cantonnements italiens: ils servaient alors sur place, pour des tâches multiples et variées. Mais pour les gros contingents, la vie dans les camps était aussi dure qu'ailleurs. Pour l'Italie, il n'y eut pas de volonté préméditée de laisser crever ces hommes. La logistique italienne était tellement faible, qu'elle ne parvenait même pas à ravitailler correctement ses troupes, notamment en vivres, et les prisonniers de guerre russes souffrirent eux aussi la faim, d'autant plus terriblement qu'ils servaient de main d'oeuvre forcée. Le cas était sensible en période hivernale. Mais la situation était souvent différente selon le lieu et les unités ayant à gérer les camps de prisonniers. L'historien allemand Thomas Schlemmer a écrit un excellent ouvrage, traduit en italien "Invasori, non vittime", Laterza ed., Bari 2009, issu de "Die Italiener an der Ostfront 1942-43. Dokumente zu Mussolinis Krieg gegen die Sowjetunion", R. Oldenburg, München, 2005. Ce livre présente les expériences italiennes sur le front de l'Est sous un jour plus polémique, ce qui est toujours intéressant puisque les Italiens se sont toujours dédouanés de tout crime durant ce conflit, ce qui est naturellement une entorse grave à la réalité. L'Italie n'avait pas signé les conventions de La Haye mais ratifié celles de Genève. Je ne sais rien sur la mortalité des prisonniers de guerre alliés retenus dans les camps de la Péninsule. Quelqu'un a des infos, des sources? |