... puis re-dépression (en octobre 1941) - Le Fantôme de Staline - forum "Livres de guerre"
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Le Fantôme de Staline / Vladimir Fédorovski

En réponse à
-1Dépression puis...une force inouïe... ! de Christian Favre

... puis re-dépression (en octobre 1941) de Nicolas Bernard le mardi 27 octobre 2009 à 10h26

L'effondrement moral de Staline à l'issue de l'agression allemande n'est pas immédiat. Il survient le 29 juin 1941, quand tombe la nouvelle de la chute de Minsk, qui concrétise la destruction du Front de l'Ouest du général Pavlov. Voici ce que j'écris dans le hors-série n°11 de Batailles & Blindés (septembre-octobre 2009 - pub gratuite) :

Contrairement à la légende, Staline n’a certes pas sombré le 22 juin 1941 mais, aux dires du commissaire adjoint à la Défense, le général Voronov, il "était déprimé, nerveux et dérouté. Quand il donnait des ordres, il demandait qu’ils soient exécutés en un temps incroyablement court, sans considérer les possibilités réelles… Il se trompait sur l’échelle de la guerre, les forces et l’équipement qui pouvaient réellement stopper l’avance ennemie sur un front s’étendant d’une mer à l’autre. Il exprimait sans cesse l’hypothèse que l’ennemi serait battu à temps." Sa main vengeresse s’abat sur les officiers qui ne sauraient faire plier le réel à ses volontés : les généraux Pavlov et Korobkov, ainsi que leurs adjoints, sont fusillés pour avoir perdu la Biélorussie, de même que plusieurs officiers du G.R.U. ayant averti Staline de l’imminence du conflit germano-soviétique, ou encore le général N.I. Troubetskoï, Directeur des Communications de l’Armée rouge, qui avait alerté le Kremlin des insuffisances du réseau ferré de l’U.R.S.S. un mois avant Barbarossa. Le général Kopets, commandant des forces aériennes rattachées au Front de l’Ouest, a devancé le N.K.V.D. en mettant fin à ses jours le 23 juin. Mais ses collègues Rychagov (chef de l’aviation soviétique jusqu’en avril 1941) et Volodine (officier supérieur de l’état-major de l’Air) n’en seront pas moins exécutés en octobre 1941. Les familles des épurés sont mises sous les verrous et condamnées à purger des peines de prison.

Staline se garde bien de se mettre en première ligne. Ainsi, peu après que Molotov a annoncé aux peuples d’U.R.S.S. que l’Allemagne avait trahi sa parole, un Grand Quartier général a été mis sur pied, présidé par Timochenko. Mais dans les faits, c’est le dictateur qui dirige la stratégie militaire, ordonnant des offensives totalement irréalisables et clouant du même coup sur place ses propres armées, ce qui facilite leur enveloppement par l’ennemi. Le 29 juin, pourtant, c’est le choc : Minsk est tombé, et le Front de l’Ouest ne donne plus signe de vie. Staline fulmine contre Timochenko et Joukov, incapables de lui formuler une information fiable, puis craque : "Lénine nous a laissé un grand héritage, et nous, ses héritiers, nous avons tout foutu en l’air." Il se retire alors, seul, dans sa datcha de Kountsevo, en banlieue de Moscou. Selon Molotov, "il est dans un tel état de prostration qu’il ne s’intéresse à rien, il a perdu l’initiative, se trouve dans un triste état, ne répond pas au téléphone". Pendant quelques heures, le pouvoir soviétique est à qui veut le prendre.

Le lendemain, dans l’après-midi, les membres du Politburo viennent trouver Staline dans sa retraite. Anastase Mikoyan, qui fait partie des visiteurs, se souviendra qu’"il avait conclu manifestement que nous étions venus l’arrêter", et il ajoute : "Nous le trouvâmes dans un fauteuil de la petite salle à manger. Il leva les yeux et dit : « Pourquoi êtes-vous venus ? » Il avait une étrange expression sur le visage et la question elle-même était passablement étrange. Après tout, il nous avait appelés… Quand Molotov le pressa de créer une Commission d’Etat à la Défense, et de la présider, il parut surpris, ne fit aucune objection, et dit : « Très bien »." Il semble que cette servilité du Politburo ait été pour beaucoup dans le redressement psychologique du dictateur, qui revient au Kremlin et reprend les commandes du pays. Ce 30 juin 1941, la Russie a échappé de peu à la guerre de succession… Il lui reste à survivre à la guerre hitlérienne.


Par la suite, Staline fait montre de détermination, mais le choc répété des désastres militaires mine progressivement son moral, et il vacille de nouveau au cours des deux premières semaines d'octobre, après la chute de Kiev et alors que la Wehrmacht pulvérise - non sans mal - les armées des Fronts de l'Ouest, de Réserve et de Briansk qui défendent Moscou (le fameux double-encerclement de Viazma-Briansk), se rapprochant dangereusement de la capitale. D'après certains témoignages, il est vrai contradictoires, il aurait été sur le point de quitter Moscou les 17-18 octobre, mais se serait ravisé à la dernière minute. Le fait est que le 19 octobre, il s'est repris en main et a décrété l'état de siège à Moscou, victime de désordres civils d'une ampleur inquiétante depuis trois jours.

Il n'est pas inintéressant de rappeler à cet égard une affirmation de Joukov, formulée en 1966, mais rendue publique en 1990, selon laquelle Staline aurait demandé à Beria d'entamer des négociations avec Hitler le 7 octobre 1941. Il s'agit peut-être de l'approche diplomatique effectuée par Pavel Soudoplatov (qui la situe cependant en juillet) et visant à utiliser la Bulgarie comme médiatrice en vue de la conclusion d'un accord de paix. C'est en tout cas à la même époque (l'automne 1941) que Ribbentrop va assurer à l’un de ses diplomates, Fritz Hesse, que Hitler a rejeté une offre de paix soviétique formulée par l’entremise de la Bulgarie, "de toute évidence parce qu’il était convaincu qu’il pouvait soutenir l’épreuve et en sortir bientôt vainqueur". Compte tenu de la chute du moral de Staline dans les deux premières semaines du mois d'octobre, j'aurais tendance à considérer que ses manoeuvres diplomatiques en vue de la conclusion de la paix datent de cette période, sans exclure des premières approches effectuées en juillet (même si à cette époque, Staline s'est déjà repris en main, de manière certes provisoire).

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