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| | Le Fantôme de Staline / Vladimir FédorovskiEn réponse à -2 Des "aveux spontanés" ? de Francis Deleu le lundi 26 octobre 2009 à 18h28
Bonsoir,
Dans mon vieux manuel scolaire, " Le Monde contemporain" de la fin des années 50, entre la description des remarquables succès économiques et sociaux de l'Union soviétique s'opposant à la crise économique, sociale... aux Etats-Unis et en Europe occidentale, il est tout de même fait mention de la crise intérieure et de la répression des années 36-38 qui accompagnent cette évolution en URSS. A propos des procès de Moscou (9 lignes), les auteurs du manuel s'étonne de la complaisance avec laquelle les accusés font des aveux.
Un début de réponse par Robert Conquest, La Grande Terreur, éditions Stock, 1970 : Staline jugea que le moment était venu d'entamer des négociations politiques avec Zinoviev et Kamenev. Yejov [1] leur présenta, comme émanant du Comité central, l'ordre de "désarmer de façon à s'interdire désormais tout espoir d'engager une nouvelle lutte contre le Parti". S'ils refusaient de se soumettre, ils seraient jugés à huis clos par un tribunal militaire et tous les membres de l'opposition, y compris les milliers de prisonniers politiques enfermés dans les camps, seraient exécutés sans pitié.
Zinoviev refusa de capituler. La même démarche entreprise auprès de Kamenev fut tout aussi infructueuse bien que Yejov l'ait directement menacé de faire fusiller son fils s'il ne cédait pas.
Les méthodes d'interrogatoire se durcirent. Malgré la chaleur, Yagoda [2] fit allumer le chauffage dans les cellules. L'état de santé de Zinoviev était inquiétant et Kamenev commençait à faiblir. Il tremblait pour son fils dont l'arrestation avait été ordonnée devant lui. En juillet à la suite d'un interrogatoire qui dura toute la nuit Zinoviev demanda à s'entretenir avec Kamenev. Après s'être concertés, ils consentirent à confesser publiquement leurs erreurs, à la condition qu'en présence de tous les membres du Politburo, Staline confirmât sa promesse de ne faire exécuter ni leurs partisans ni eux-mêmes.
Cette condition fut acceptée. (...)
Désormais, Staline avait tous les atouts en main; le procès pouvait commencer. La soumission de Zinoviev et de Kamenev inciterait les personnalités politiques de moindre importance à cesser toute résistance puisque leurs aînés avaient accepté le marché que Staline leur avait proposé.(...)
Dans l'ensemble, le procès avait été une victoire pour Staline. Les communistes et le peuple russe ne pouvaient rien objecter à la version qu'il avait donnée de l'affaire et le monde extérieur dont il avait autorisé les représentants à en vérifier le bien-fondé, n'avait pas l'air de la juger, au départ comme une histoire inventée de toutes pièces. Il est certain cependant que les confessions avaient créé une sensation générale de malaise mais, en admettant qu'elles aient été obtenues par des procédés injustifiables, le fait ne prouvait pas qu'elles étaient fausses. En réalité, on pouvait difficilement croire à la parfaite innocence d'individus qui s'accusaient de tous les forfaits. Ainsi, la méthode de la confession se justifiait sur le plan politique.
Bien cordialement,
Francis.
[1] Nicolaï Yejov : Commissaire du peuple à l'intérieur, Commissaire général à la sécurité d'Etat soit directeur du NKVD (police politique) de 1936 à 1938.
[2] Yagoda, prédécesseur de Yejov à la tête du NKVD (juillet 1934 à septembre 1936). Considéré comme trop faible, il sera remplacé par son adjoint Yejov qui ,sur ordre de Staline, le fera arrêter et fusiller en 1938. |
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