Bonjour,
.... pour imager (des noms sur des visages) les propos de Francis : les procès "Staliniens" des officiers de l'AWP (Armée Populaire Polonais) entre 1949 et 1954 à Varsovie.
A partir de 1949, une fois la pacification de la Pologne terminée (entre 30 000 et 50 000 morts), était venu le temps pour Moscou de liquider ses derniers opposants au sein de l'appareil militaire (en majorité les survivants "AK" du plan "Tempête" ayant rejoint l'AWP apres 1944 pour continuer à combattre les Allemands). Environ 2 200 militaires, dont 400 officiers supérieurs, seront arrêtés, emprisonnés, jugés et condamnés par les sbires de Staline : enquêteurs, procureurs (Andrzej Wyszynski), juges pour la majorité des "popes" du NKWD ( Col. Anton Skulbaszewski) obéissant aux ordres de ministres-généraux comme Marian Spychalski et le fameux Konstantin Rokossowski (avec l'approbation des politiques Bierut/Gomulka de l'époque) pour "Conspiration, Atteinte à la sécurité de l'Etat ect.
Emprisonnés, les détenus subissaient la torture physique et psychologique (privation de sommeil, froid, station debout prolongée, interrogatoires brutaux, ect....). Suivait un procès baclé en quelques heures dont la sentence était invariablement la mort par pendaison (parfois traduite par la suite en une quinzaine d'années de prison suivant l'importance du prisonnier). Quelques exemples :
- 13/8/1951 : 9 condamnés (cas "Tatar")
- 28/4/1952 : 5 condamnés (cas "Skibinski")
- 13/5/1952 : 8 condamnés (cas "Adamecki")
- 21/7/1952 : 7 condamnés (cas "Mieszkowski")
- 8/8/1952 : 4 condamnés (cas " Kita")
- 18/10/1952 : 4 condamnés (cas "Sokolowski")
- 28/1/1953 : 2 condamnés (cas "Twarogowski")
- 27/4/1953 : 3 condamnés (cas "Zerbst")
- 7/12/1953 : 4 condamnés (cas "Mazurkiewicz")
..... plus d'une cinquantaine d'officiers supérieurs à titre individuel surtout en 1952/1953. Il faut noter que ces procés étaient organisés en fonction des spécialiés des militaires-accusés : marine, aviation, blindés ou E.M.
En 1989, la Pologne désigna un comité d'enquête pour mettre à jour les responsabilités - et les responsables - dans ces procès fantoches (ce que ne fit jamais la France pour la collaboration, ... et pour cause !). Le travail continue aujourd'hui. Les familles des victimes peuvent avoir accès à leur dossier à titre individuel. Cette recherche de la vérité historique est l'une des causes de la difficulté, sinon l'impossibilité, à "creuser" aujourd'hui les archives d'IPN. (nombreux collabos-staliniens sont encore vivants et puissants). Mais il faut rendre hommage aux politiques actuels.
Cordialement
A lire le livre de Szczepanski Miesczyslaw "Quand un frére tuait son frére : le meurtre des soldats d'AK" Londres 1987 |