Bien sûr, François, les frontières ont été tracées à la hache par les colonisateurs et les problèmes persistent aujourd'hui. C'est un fait indéniable. Mais, pour autant, pourrait-on aujourd'hui imaginer une Afrique dont les frontières correspondraient trait pour trait aux territoires des innombrables ethnies qui l'occupent? Je ne le pense pas, comme je rechigne à croire que les Européens ont à endosser la totalité des causes qui font de l'Afrique le continent le plus pauvre. Rivalités ethniques, guerres et corruption existaient antérieurement à l'arrivée des blancs. Que la colonisation et la décolonisation aient amplifié ces aspects, c'est plus que probable. Néanmoins, la colonisation, ou plutôt les colonisations et les différents systèmes autour desquels elles se sont articulées, ont été des phénomènes ambigus qui ont fait se côtoyer le positif (éradication de nombreuses maladies qui faisaient du continent un espace bien vide) et le négatif, comme Gide l'a évoqué dans "voyage au Congo". J'ai mal formulé ma phrase, en fin de compte, et j'aurais dû dire "la condition du continent, aujourd'hui, n'est plus à mettre UNIQUEMENT sur le compte de la colonisation". J'imagine parfaitement que nous n'avons pas tous le même point de vue sur la question. |