"Regarder avec calme ne devrait-il pas être le premier devoir du citoyen comme de l'historien ?"
N'est-ce pas ce que nous faisons ?
"Entre Staline et Lénine aussi, comme dit Jacques, il y a des ressemblances et des différences."
Et une filiation évidente. Staline est l'un des hommes clefs du dispositif Lénine et lorsque ce dernier est malade en 1922/24, Staline est l'un des rares autorisés à le visiter.
"La principale différence est que la violence de Lénine est une violence de guerre..."
De guerre contre son propre peuple ! Et, si cette guerre civile éclate ou tout au moins qu'elle prend l'ampleur qui est la sienne, c'est du seul fait des bolchéviques. En abolissant le marché et l'échange monétaire remplacés par le troc forcé (pour ne parler que de cela), ce qui revient à payer les paysans pour leurs récoltes et leur bétail avec de vieux stocks de produits manufacturés, les nouveaux maîtres de la Russie s'aliènent les paysans qui refusent de livrer leur production. Les villes sont affamées. Réponse du nouveau pouvoir : des détachements armés interviennent dans les campagnes pour réquisitionner des vivres et massacrent les "koulaks". L'incompétence des Bolchéviques, et plus encore leur brutalité, soulèvent des régions entières contre le nouveau pouvoir. En fait, le "communisme de guerre" précède la guerre civile. Il en est même la cause.
"Quand ça se calme, Lénine fait la NEP, c'est-à-dire que selon lui il devient contre-révolutionnaire d'emmerder les patrons !"
Puisque les patrons sont les bolchéviques ! Comme il devient contre-révolutionnaire de faire grève !
Mais le retour à une forme très très relative de "calme" ne sonne pas la fin de l'oppression, de la terreur et des massacres qui se poursuivent. Dimitri Volkogonov estime à un million le nombre des personnes mortes dans les camps de concentration et dans la répression de la résistance antisoviétique dans le pays durant "les années heureuses de la NEP".
"Tout au contraire, Staline déchaîne ses campagnes de violence en temps de paix, en inventant une menace extérieure..."
Staline poursuit ce qui se faisait avant, avec les mêmes méthodes et les mêmes outils. Il applique le mot d'ordre lancé par Lénine en janvier 1918 : "Nettoyer la terre russe de tous les insectes nuisibles". La brutalité stalienne est encore supérieure à celle de son prédécesseur mais sa nature est la même.
Par ailleurs, la notion de "temps de paix" est, en l'espèce, très relative. Je suis certain que les défenseurs de Staline pourraient avancer des justifications aux exactions commises par le psychopathe géorgien durant cette période. |