Ben... euh... comme vous voulez, en fait... - Malta Blitzed but Beaten - forum "Livres de guerre"
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Malta Blitzed but Beaten / Philip Vella

En réponse à -4 -3 -2
-1je suis censé répondre ??? de 13emeDBLE

Ben... euh... comme vous voulez, en fait... de Nicolas Bernard le lundi 10 décembre 2007 à 20h25

Vous n'allez pas être content, mais j'aimerais tout de même vous faire savoir ce qui cloche, de manière générale, dans vos analyses - au demeurant documentées. Pardonnez d'avance ma franchise, mais vu que vous avez récemment été très franc avec moi, je considère qu'il s'agit là d'un retour à l'envoyeur.

Tout d'abord, vous semblez considérer qu'aller à contre-courant de prétendues "idées reçues" constitue la meilleure manière d'aborder l'Histoire. Il vous faut à tout prix vous démarquer, que ce soit en prétendant (à tort) que Staline n'a pas sacrifié Varsovie, que le choix de Rommel comme chef du D.A.K. était une erreur de casting, ou que Malte n'a eu aucune importance au cours du conflit - j'imagine, sur ce dernier point, que vous avez du vous heurter aux objections de Yannis, qui connaît fort bien le dossier, et ce que laisse entendre votre lassitude quant à une "énième controverse sur Malte". Certes, et s'agissant de ce dernier point, vous ne l'écrivez pas explicitement, mais le ton de vos articles, votre volonté affichée de réfuter les "raccourcis" le suggère clairement.

Il est bon de savoir réviser l'Histoire, lorsqu'une étude approfondie et exhaustive du domaine considéré le permet. Cette discipline ne saurait être fossilisée par les préjugés, les habitudes et les affrontements claniques. Cependant, il faudrait prendre garde à l'excès inverse, c'est à dire négliger les faits et le contexte sous prétexte de nouveauté. Ne vous sentez pas, sur ce point, isolé : de nombreux jeunes historiens, et non des moindres, souffrent de ce travers. Pour ma part, j'ai coutume de dire que, parfois, "le classique a du bon". Il faut se garder des excès de révision, tant pour l'Histoire que vous vous-même. A vouloir aller trop loin, trop vite, vous prêterez le flanc à la critique et vous vous brûlerez les ailes, ce qui serait bien dommage.

Puisque je cause de critique, j'en viens à mon second reproche, que vous connaissez déjà (et que peut-être Yannis vous a déjà formulé, si je ne m'abuse) : votre insuffisante prise en compte du contexte global. Être aussi précis et rigoureux que possible dans la connaissance des affrontements locaux est une nécessité : l'Histoire globale progresse à partir de l'analyse des monographies. Se limiter à la micro-Histoire, quand on a la prétention de soumettre au public une vision complète du sujet, me paraît en revanche tout à fait erroné. Que vous le vouliez ou non, les facteurs politiques, mais aussi sociaux, économiques ou même propagandistes ont pesé dans les décisions prises à bien des niveaux des hiérarchies.

Prenons un cas que je connais bien, celui de Stalingrad. Vous ne pouvez "imaginer qu'une démarche sérieuse puisse fonder l'importance stratégique déterminante" sur les efforts faits par une armée pour s'emparer d'une place forte, que "ce serait comme considérer que les efforts des allemands contre Stalingrad seraient la meilleur preuve de l'importance de cette ville, dont la chute aurait immanquablement précipité l'effondrement de l'URSS..." Mais précisément : si les Allemands ont consacré l'essentiel de leurs efforts, dès septembre 1942, à la chute de cette ville, c'est précisément parce qu'elle avait pour eux de l'importance (économique, stratégique et symbolique). Et cette importance s'est accrue au fur et à mesure qu'ils y dépêchaient des renforts, parce que le défi posé par la résistance soviétique obligeait Hitler à y répondre.

Prenons un autre cas que vous nous dites bien connaître : Malte.

Tout d'abord, votre réponse ne tient pas compte de ces facteurs politiques à l'égard desquels vous ne dissimulez pas votre mépris (bien que vous ne paraissiez pas les connaître) : en 1942, et pour ne citer que cet exemple, Churchill est de plus en plus contesté au Parlement, et une succession de défaites suivant l'affreux premier semestre pourrait fort bien le renverser. L'importance symbolique attachée à Malte est de nature à se retourner contre le Premier britannique, en cas de succès d'une invasion italo-allemande. Vous semblez considérer que Rommel ne pouvait, quoi qu'il arrive, s'emparer de l'Egypte, mais un éventuel échec aurait été largement compensé, tant en termes stratégiques que purement propagandistes, par la chute de Malte ! Imaginez : Hong-Kong a capitulé le jour de Noël 1941, "Singapour l'imprenable" le 15 février, "Tobrouk la tout autant imprenable" le 21 juin, et ajoutons Malte en juillet. Comment doit-elle le prendre, l'opinion publique britannique ? N'oubliez pas que les guerres se gagnent aussi à l'arrière, lequel produit les hommes qui se battront à l'avant. Des leaders comme Churchill, et surtout Hitler, en étaient parfaitement conscients. D'où chez eux des décisions que vous considérerez sans doute, localement, comme stupides, mais qui résultent en fait de ces rapports de force socio-politiques et de la manière dont ils les interprétaient, et que seule une vue globale de la situation vous permettrait d'appréhender.

Cette absence de prise en compte de la politique et de la propagande vous fait ainsi écrire que Bir Hacheim tient simplement "le rôle de point de fixation et de poil à gratter", ce qui est vrai sur le plan militaire, mais relève du "nonsense" sur d'autres plans. Vous oubliez là encore à quel point cette bataille a joué un rôle non négligeable pour l'avenir politique de la France, en donnant aux Français libres l'occasion de faire leurs preuves, donc de consolider la légitimité, pourtant contestée, du Général de Gaulle. Dans l'immédiat, la récupération médiatique de la bataille visait aussi à réchauffer le coeur de la France occupée, de manière à réparer le sanglant affront de Mers el Kébir.

Pour revenir à Malte, et sur le plan purement militaire cette fois, vous tirez argument du fait que "les convois italiens quittent la métropole à moitié pleins, et repartent à moitié déchargés" alors que l'île croule sous les bombes. Oui, et alors ? Cette cargaison, pour lacunaire qu'elle doit, arrivera intégralement en Afrique, et ne sera pas réduite d'un tiers à cette époque, comme elle le sera dès l'été 1942, du fait de Malte. En ce sens, vous avez tort d'écrire que "sa chute n'aurait rien amélioré, en tout cas en 1942". Les lacunes du ravitaillement italien sont indéniables, et vous avez raison d'y insister,

Pire encore, à vouloir à tout prix vous démarquer des "raccourcis", vous ne réalisez même pas la contradiction inhérente à votre théorie : vous ne pouvez tout simplement pas écrire - dans la même phrase ! - d'un côté "Malte a eu une influence sur le ravitaillement de l'Axe", de l'autre que "sa chute n'aurait rien amélioré, en tout cas en 1942". C'est commettre là une superbe aporie, ce d'autant que vous ne contestez pas les taux de pertes des convois italiens. Expliquez moi donc comment la chute d'une île qui gêne le ravitaillement axiste pourrait être sans effet positif sur les forces de l'Axe ?

Bref, sans remettre en cause votre érudition militaire, il me semble tout de même qu'un peu de retenue sur la forme et sur le fond ne vous ferait pas de mal. Vos informations sont intéressantes, vos connaissances indéniables, mais vos analyses de la situation maltaise, outre qu'elles se réfutent d'elles-mêmes, manquent nettement de rigueur sur bien des points. Ceci dit sans hostilité - puisque visiblement vous avez tendance, aujourd'hui, à mal accueillir les reproches qui vous sont faits - mais avec une sérieuse invitation à remédier d'urgence à ces lacunes.

Cordialement quand même,

Nicolas Bernard

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