L'assassinat de Mandel : version de Brinon. - Chronique de la Résistance - forum "Livres de guerre"
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Chronique de la Résistance / Alain Guérin

En réponse à -2
-1Questions de méthode autour d'un assassinat de françois delpla

L'assassinat de Mandel : version de Brinon. de Francis Deleu le dimanche 04 novembre 2007 à 17h12

Bonsoir,

L'assassinat de Jean Zay et de Georges Mandel ne laissant pas nos lecteurs indifférents, publions ce qu'en disait Fernand de Brinon à propos de Mandel.
Rappelons que l'ouvrage "Mémoires" a été publié par sa soeur (Simone de Morineau) et sa fidèle secrétaire (Simone Mittre). Elles se sont inspirées des papiers que Fernand de Brinon dicta ou rédigea lui-même au cours des deux années de son emprisonnement avant son procès et sa condamnation à mort.

Je vous livre le texte intégral:
Mandel avait toujours été mon ami. Aussi je fus atterré par sa mort tragique.
C'est au début de juillet 1944, le 5 ou le 6, la date sera facile à retrouver. Je viens de finir de déjeuner, rue Rude, quand Knipping m'appelle au téléphone.
Il paraît troublé, il bafouille et me dit que Mandel a dis­paru. Je demande des explications. Knipping me raconte que Mandel avait été remis par le S.D. à Baillet, directeur de l'administration pénitentiaire française et interné à la Santé. Baillet n' avait pas cru devoir l'y garder. Il craignait des compli­cations et ne voulait pas être chargé d'une telle responsabilité. J'interromps Knipping. Qu'il aille au fait :

- Qu'a fait Baillet de Georges Mandel ?
- Il l'a remis à la Milice... avoue Knipping. Et le reste suit. Knipping prétend qu'il a été abattu par ses gardiens dans une tentative d'évasion alors qu'il avait demandé que l'on s'arrête pour qu'il put uriner sur le bord de la route. Son corps avait été déposé à l'Intendance de police de Versailles.

Je suis indigné et ému. Je demande à Knipping si Laval était prévenu. Il me répond qu'il pense que Darnand avisé l'avait averti. Je dis à Knipping ce que je pense et l'informe que je me mets en rapport sur-le-champ avec Laval. Je lui donne l'ordre de venir me trouver avec les indications com­plémentaires vers 5 heures place Beauvau. J'ai immédiate­ment Pierre Laval par le fil direct. Il a en effet été prévenu par Darnand, mais inexactement. Il me prie d'aller aussitôt à l'Ambassade pour protester vigoureusement en son nom et demander que Léon Blum, dont Darnand lui avait dit qu'il devait suivre, ne soit pas livré.
Je téléphone aussitôt à Abetz qui était absent; le Dr Müller me dit qu'il me rappellera dès qu'il sera à son bureau.
Je reçois Knipping, place Beauvau. Il m'apporte le commu­niqué stupide et odieux qu'il a rédigé d'accord avec la police allemande, me dit-il. J'appelle Laval et c'est à cette occasion que Laval a parlé, comme il l'a dit dans sa déposition, à Knipping. Il se montre très dur, je reprends l'appareil et je l'informe que je n'ai pas encore vu Abetz mais que j'enverrai un message télescripté dès que j'aurai pu le joindre.

Je crois que c'est le soir que je vois Abetz (je n'en suis pas absolument sûr, la date de mon message préciserait). En tout cas, je proteste très vivement en donnant mon sentiment personnel et en traitant ces mesures de folies, etc..., etc. Abetz me répond en substance :

- Je prends acte de votre protestation, mais je vous fais observer que le président Laval était prévenu. Je lui ai dit moi-même au cours d'une conversation à Matignon que le Gouvernement du Reich avait décidé de lui remettre Georges Mandel. Il m'a répondu : c'est un joli cadeau que vous voulez me faire ...
Quant à la manière de l'exécution de Mandel
, poursuivit Otto Abetz, je la déplore. Mon gouvernement aurait estimé bien préférable que l'on donnât à la disparition d'un homme qui avait été l'un des principaux responsables de la guerre entre la France et l'Allemagne un caractère solennel, surtout après l'assassinat de Philippe Henriot. Je ne peux pas aller plus loin. Cependant, je vous promets de transmettre tout de suite le désir du président Laval concernant Léon Blum et de faire état auprès de Ribbentrop de ce que vous dites vous­-même."

Abetz ajoute encore des considérations sur un incident de Vichy à propos d'une plaque apposée dans une des principales avenues, au nom de Philippe-Henriot.

Tout cela, je l'ai rapporté tel que ce qui avait été dit dans mon message télescripté. Abetz m'a affirmé qu'il téléphonait à Ribbentrop et qu'il espérait, comprenant mes raisons, que contre ordre serait donné pour Blum dont j'avais assuré qu'il était insensé de le prendre pour un belliciste.

Au cours d'un conseil des ministres suivant; le dernier je crois, qui ait été tenu à Vichy, j'ai fait état de cette épouvan­table affaire Mandel. J'ai demandé que le Gouvernement sache ce qu'il voulait, qu'il ne laisse pas tout faire dans une anarchie grandissante, qu'il dise oui ou non aux Allemands, mais qu'il ne croit pas avoir accompli son devoir en laissant faire, sous prétexte que les Allemands auraient la pleine res­ponsabilité, et qu'il aurait, lui, protesté après coup. Pierre Laval m'a répondu que je n'ignorais pas qu'il l'avait fait. J'ajoutai qu'il était regrettable que l'administration péniten­tiaire relevant directement du chef du gouvernement ait pris Mandel en charge et je fis état de la réponse d 'Abetz. Laval dit alors qu'il avait ordonné l'ouverture d'une instruction au Garde des Sceaux. Darnand ne dit rien à ce sujet. Il a affirmé que Knipping avait tout fait lui-même et qu'il l'avait blâmé, ce qui était vrai, je crois.
Nul dans le Conseil n'a élevé la voix. C'est à cette occasion que l'amiral Bléhaut a dit : "Seul Brinon a eu de la netteté et du courage."
Bien cordialement,
Francis.

*** / ***

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 bidouillé par Jacques Ghémard le 1 1 1970  Hébergé par PHP-Net PHP-Net  Temps entre début et fin du script : 0.01 s  5 requêtes