Merci Francis.
Très instructif sur la partie française (si l'on peut dire...) : personne ne veut avoir la moindre responsabilité alors que tous servent depuis des années, avec une courbure du dos qui va croissant, un occupant sans morale et connu comme tel, lors même que le pays est en instance de libération.
Quelques éléments capitaux sur le versant allemand. Ce qu'Abetz dit ici est très différent de ce qu'il dira à son procès : qu'il avait télégraphié à Berlin en demandant la livraison de Mandel, Blum et Reynaud comme otages, au gouvernement de Vichy, pour gagner du temps (il pensait que ça ne se ferait jamais), et que la livraison d'un seul, ainsi que son assassinat avant qu'il n'arrive à Vichy, prouvait bien que ce n'était pas son point de vue qui avait été pris en compte (bref : tout sur le dos des SS). Ici, exit Reynaud, il n'est plus question que de Blum et par deux fois; donc de deux victimes potentielles on privilégie celle qui est juive, et Abetz est au coeur du processus. D'autre part, Ribbentrop y fait son apparition, ce qui à ma connaissance ne figure nulle part ailleurs, du moins à ce stade (il est beaucoup question de lui entre mars et mai, précisément quand Abetz se met à demander cette livraison et que Ribbentrop d'abord refuse puis finit par accepter fin mai... après consultation du Führer -source : télégrammes produits au procès Abetz, cités notamment par Barbara Lambauer).
Bref, si Brinon se refuse à voir en face ses responsabilités, il n'a pas l'air de broder trop. |