Bonsoir Thiriel, bonsoir à tou(te)s
C'est pourquoi d'ailleurs la définition de Bédarida relayée par Francis me paraît trouver quelques limites en son troisième point: le secret de l'exécution (Thiriel)
Effectivement ! L'exemple du Rwanda est caractéristique à cet égard. Au départ d'un slogan émis par radio "Mille collines", le mouvement devient spontané, entraînant toute une population et - pardonnez-moi l'expression - le massacre prend un caractère quasiment "festif". ... propre aux civilisations d'Afrique noire.
Pour ce qui concerne l'Afrique noire (et sans doute d'autres régions) la sociologie devrait se pencher - si ce n'est déjà fait - sur les concepts de "mort", "souffrance", "massacre de masse".... tels que ces concepts sont appréhendés par les populations concernées : moeurs et coutumes héritées de civilisations ancestrales, accoutumance à la violence, instinct de survie face à un danger potentiel, préservation du clan ou de la tribu dans le sens ethnique du terme, l'engrenage... ???
Dans les années 60, au cours de mes pérégrinations africaines, je me trouvais en mission au Kasaï lorsqu'éclata la rébellion muléliste. Ce qui était rapporté par la presse occidentale comme une abominable tuerie, ne semblait guère émouvoir la population locale parmi laquelle je me trouvais. Cette dernière était de l'ethnie bayaka, héritière d'une riche tradition orale mais aussi réputée comme étant de redoutables guerriers à l'époque pré-coloniale. Mulélé était issu d'une ethnie rivale. Ce fut l'occasion ou le prétexte pour les Bayakas d'asseoir leur réputation de guerriers, de pourchasser le "rebelle" et ensuite d'organiser des fêtes célébrant les victoires sur "l'ennemi".... "ennemi" qui la veille encore était "l'ami". Je fus l'invité d'honneur à l'une de ces festivités qui consistaient à mutiler des rebelles capturés. Y participaient, pour le plus grand plaisir de la foule, des gamins pas plus haut que 2 pommes. Je vous épargne les détails. Et la paix revenue, les clans opposés se réconcilièrent et chacun s'en retourna vaquer à ses occupations ordinaires comme si rien ne s'était passé. "
Ikélé mambo vè" disaient-ils, expression fataliste qui signifiait selon les circonstances "
C'est comme ça", "
A quoi bon" ou "
C'est le destin" !
Bien cordialement,
Francis.