En vérité, et c'est ce que je disais précédemment, Pie XII a laissé faire Roncalli et les autres prélats dans leurs stratégies de sauvetage, sans pour autant se mettre en première ligne pour éviter de trop fortes représailles allemandes sur le monde catholique.
Il a laissé faire Roncalli, et Tiso, et Saliège et Mayol de Luppé, et qui d'autre encore?
Brouiller les cartes n'empêche pas que la dominante noire subsiste.
Il ne faut pas se voiler la face, de 1939 à 1943, le Vatican, anticommuniste viscéral, antisémite depuis des siècles, ne pouvait être que l'allié objectif du nazisme et du fascisme. Prétendre qu'il y a eu, pendant cette période, un subtil double jeu, c'est renouveler au profit de Pie XII le mythe d'un Pétain "bouclier".
Il apparaissait tellement évident que le Reich ne pouvait que gagner la guerre, et créer une Europe nouvelle, que le choix affectif se doublait d'une option dictée par la raison.
Quand la défaite du Reich est devenue inéluctable, le penchant affectif est resté, ce qui explique le soutien sans faille aux nazis en fuite (pas désintéressé, non plus, les fugitifs avaient accumulé trésors et rapines), et aussi la persistance de la hargne antijuive. Qui ne connaîtra une relative accalmie que sous Jean XXIII. |